Il y a des moments où le football prend des allures de véritable mélodrame, comme ce fut le cas hier lors de la première partie des quarts de finale de la Coupe du monde-2010 qui se déroule en Afrique du Sud avec l'élimination des deux Brésiliens, ceux d'Amérique du Sud et ceux d'Afrique, qui pourtant avaient la qualif' dans les pieds de leurs footballeurs. Les Dieux du stade, comme on dit, n'étaient vraiment avec eux et ont choisi les Pays-Bas et l'Uruguay au bout de deux rencontres haletantes de suspense et de rebondissements. La première a eu comme principal acteur le milieu de terrain Felipe Melo, l'une des pièces maîtresses de l'échiquier de Dunga qui, en l'espace de deux mi-temps, est passé du paradis à l'enfer. Le joueur de la Juventus est le passeur en profondeur qui a permis à Robinho d'ouvrir la marque pour les Auriverde dès l'entame d'une mi-temps de rêve, peut-être la meilleure de ces Brésiliens qui ont étalé leur savoir-faire et leur maîtrise technique à travers le triumvirat Kakà-Robinho-Fabiano et une défense qui a réduit les tentatives néerlandaises à des miettes. Les hommes de Dunga passèrent devant deux ou trois occasions qui auraient pu sceller le sort d'une rencontre qui semblait leur tendre les bras, mais en football rien n'est jamais acquis d'avance car en seconde période tout bascule en faveur des Pays-Bas. Le pauvre Felipe Melo gêne non seulement la sortie de son gardien Julio César, mais il met, de la tête, le ballon dans sa propre cage, avant de se faire expulser après avoir laissé traîner ses crampons sur Robben laissant ses coéquipiers courir derrière le score puisque Sneijder avait déjà donné, de la tête (encore), l'avantage aux Pays-Bas. Les Brésiliens, qui s'effondrèrent curieusement sur le plan physique, vont se jeter dans la bataille les dernières minutes du match, sans pouvoir refaire leur retard plongeant tout un pays et des millions d'admirateurs à travers le monde dans le désarroi. Le Brésil, quintuple champion du monde pleure sa Seleçao, et devra patienter encore quatre ans pour espérer voir une sixième étoile accrochée à son fameux maillot. De son côté, l'Afrique tout entière devra également attendre la prochaine édition au Brésil pour espérer réussir le passage historique au dernier carré que les Ghanéens ont frôlé hier dans un match complètement fou et dramatique en même temps. Leur meilleur buteur et second meilleur goléador africain en Coupe du monde, après Roger Milla (5 buts), Gyan, a vu le toit de la terre tomber sur sa tête lorsque, à la dernière minute des prolongations, il rate le «penalty» de la qualification. L'Afrique retient alors son souffle, mais voilà que le destin lui tourne le dos lorsque Gyan sollicite la transversale du gardien Uruguayen Fernando Muslera au moment où Luis Suarez, celui qui a provoqué le penalty, s'engouffrait dans le tunnel de l'élimination. A partir de là, la chance change de camp, surtout lorsque Gyan prouve à toute la planète qu'il était plus adroit en réussissant son penalty lors d'une séance fatidique des tirs au but qui sourira finalement aux gauchos qui se permettent même une pannenka par l'intermédiaire du dernier tireur, Abreu, pour donner à cette pièce une note supplémentaire de folie et de tristesse. Premier pays africain à avoir gagner la médaille d'Or aux jeux Olympiques (1992) et être sacré Mondialement chez les jeunes catégories, le Ghana a raté une occasion en or de se retrouver dans le dernier carré, mais il devra remettre cela dans quatre ans d'autant que la FIFA n'envisage pas de réduire le nombre de places réservées au continent. Une telle mesure, évoquée il y a quelques jours par certains organes de presse, irait à l'encontre de la politique de développement du football dans le monde. «Si nous voulons développer le football en Afrique et nous assurer que le football africain progresse jour après jour, ou année après année, ce serait un mauvais signal de dire en même temps que nous voulons réduire le nombre d'équipes participant à la coupe du Monde», déclarait, il y a si peu, Jérôme Valcke, le secrétaire général de la FIFA. De bon augure pour un continent qui nous doit une bonne revanche sur le sort.