Les habitants de la région de Yakouren, une contrée montagneuse située au nord-est de Tizi Ouzou, ont entamé leur traditionnelle cueillette des olives à travers la plupart des villages que renferme cette commune de 16 000 âmes. La campagne a été particulièrement favorisée par des conditions climatiques plutôt bonnes ces jours-ci, puisque plus ensoleillées malgré une baisse de température. Les propriétaires d'oliveraies, qui se rendent ainsi quotidiennement tôt le matin dans leurs champs, s'arment, pour ce faire, d'outils indispensables pour la besogne. En solo ou en petits groupes, les paysans regagnent petit à petit les pistes agricoles qui mènent vers leurs propriétés, quelque peu abandonnées pour diverses raisons, tel que l'état de détérioration avancée des chemins, à cause notamment des pluies torrentielles intervenues en début de novembre et qui ont formé des crevasses en drainant sur leur passage toutes sortes de détritus, de débris de bois et autres troncs d'arbres. Par endroits, ces pluies ont coupé carrément le chemin, mais les fellahs, sourire aux lèvres, ne désespèrent jamais en dépit des difficultés, en continuant à récolter les fruits, visiblement bien mûrs de par leur éclatante noirceur. Faute de délabrement des chemins, les tracteurs agricoles, utilisés généralement pour le transport des olives, ne peuvent accéder jusqu'aux aires aménagées autour des presses à olive traditionnelles ou modernes. Ceci pour dire qu'en Kabylie, l'opération est généralement menée, du début à la fin, avec des moyens traditionnels. L'on remarquera, par ailleurs, que la production de cette saison est, semble-t-il, la copie identique de celle de l'année dernière, en quantité comme en qualité, d'où des prévisions de nombre de paysans sur “une récolte s'annonçant d'ores et déjà médiocre” et dont les facteurs principaux en sont les feux de l'été dernier, qui ont ravagé, en quelques jours seulement, des milliers d'oliviers. Combien d'agriculteurs dans cette région avaient, en effet, assisté impuissants devant des flammes dévastant leurs oliviers et autres arbres fruitiers, parfois centenaires, qu'ils ont hérités de leurs aïeux. Les pertes étaient énormes et les paysans, comme de tradition, ne pensaient guère à assurer leurs exploitations. Une campagne de recensement des dégâts avait alors été menée en collaboration avec les comités de village, mais à ce jour, les propriétaires victimes attendent toujours, sans trop d'espoir d'ailleurs, les résultats de l'opération. Les prix de ce “produit aux mille et un remèdes” ont, quant à eux, stagné dans les 300 DA le litre, du moins pour l'heure, puisqu'ils n'ont ni baissé ni augmenté, du moins chez des particuliers villageois, alors que les moments de récolte sont considérés comme étant “une période synonyme de prix raisonnables”. Ce n'est pas le cas jusqu'ici car, d'apparence, la demande dépasse largement l'offre, quand on sait que l'huile de table (ou l'huile de colza), que tout habitant de la région utilisait peu, même si on la lui “offre gracieusement”, trône actuellement aux cimes des 550 DA le bidon de 5 litres. Voilà encore une raison qui doit inciter impérativement à encourager l'agriculture de montagne, notamment l'arboriculture. Après les années 1980, faut-il le rappeler, il n'y eut pratiquement plus de plantation d'arbres fruitiers dans cette municipalité dont le taux de chômage dépasse les 45% de la population en âge de travailler. HACÈNE AOUIDAD