Si le but du GSPC était de se faire une publicité avec les deux attentats d'Alger, le succès aura été, hélas, retentissant. D'autant plus retentissant qu'une des cibles visées est une représentation internationale. Les images des immeubles éventrés du HCR et du Conseil constitutionnel sont passées en boucle dans toutes les télévisions du monde. En France, elles ont même relégué au second plan la très controversée visite à Paris du guide libyen Mouammar Al-Kadhafi. Dans la presse écrite, les images de la tragédie s'étalaient à pleines pages. “L'horreur à Alger”, titrait le quotidien populaire Le Parisien qui a consacré deux pages, dont une en photos à l'évènement. Le journal interroge le chef du RCD, Saïd Sadi, qui qualifie d'“échec sanglant” la politique de réconciliation nationale. Journal de gauche et longtemps partisan du “qui tue qui?”, Libération semble avoir recentré ses analyses sur l'Algérie depuis le départ de José Garaçon. Titrant sur la “double menace” en Algérie, le quotidien estime que le GSPC “mène un combat aux enjeux internationaux”. “Hier, c'est autant la communauté internationale que le pouvoir algérien qui étaient visés par la violence terroriste”, écrivait son éditorialiste. Dans une analyse, le spécialiste du monde arabe, Christophe Ayad, revient sur le choix du 11 et remarque que le GSPC “a mué en organisation terroriste urbaine et mondialisée”. Il estime aussi que le “jihadisme en Algérie garde une spécificité nationale” à cause de “l'encouragement idéologique d'une frange du régime qui n'hésite pas à attiser l'antisémitisme et la haine de l'Occident comme l'a fait récemment un ministre avant la visite de Sarkozy en Algérie”. Pour Le Monde, les deux attentats “démontrent, d'une part, que le pouvoir algérien est loin d'avoir réglé la question de l'islamisme armé et que, d'autre part, Al-Qaïda continue de gagner en influence”. Il note que les auteurs n'ont pas connu les maquis du FIS, mais sont de la génération d'Al-Jazeera et d'Internet “nourris d'images de Palestine, des guerres américaines en Irak, en Afghanistan et du conflit qui a opposé Israël au Hezbollah”. “Ils s'opposent à la fois au pouvoir algérien, aux Etats-Unis, à Israël et à la France, ancienne puissance coloniale”. Le Figaro (droite) estime qu'“Alger a vécu son pire attentat islamiste”. Le journal note “la surenchère sanglante d'Abdelmalek Droukdal”. L'Humanité (communiste) se demande si l'Algérie ne replonge pas dans l'horreur des années 1990 et observe que “le ventre est toujours fécond à cause de la calamiteuse situation sociale imposée à une population particulièrement jeune”. Pour La Croix, les attentats sont l'expression d'une “guerre lâche”. Le journal catholique note que “la terreur s'affranchit des frontières” et recommande : “La lutte contre ses réseaux ne doit pas en avoir”. Y. KENZY