Le Foreign Office a réactualisé son travel warning, suite aux attaques. Il conseille vivement aux ressortissants britanniques d'être prudents et vigilants. Le double attentat à la voiture piégée à Alger contre les sièges du Conseil constitutionnel et du Haut-Commissariat aux réfugiés, mardi dernier, a eu un très grand retentissement en Grande-Bretagne, où les médias ont fait largement écho des explosions. Le jour même, les grandes chaînes de télévision, dont la BBC, ont consacré l'ouverture de leurs JT respectifs au drame, avec des reportages, des rétrospectives, des interviews et des analyses. “L'Algérie vit toujours des jours sombres”, “Terreur à Alger”, “Les Algériens sous le choc”, ont annoncé les présentateurs, avec en appoint des images du désastre transmises par l'ENTV ainsi que les portraits des deux kamikazes. L'attaque d'une agence de l'ONU a tout particulièrement cristallisé l'attention des journalistes et a donné lieu à des commentaires assidus. Les spécialistes des questions sécuritaires invités sur les plateaux, dont Franck Gardner de la BBC, n'ont pas manqué de signaler qu'il s'agit de la seconde fois, après Bagdad en 2003, qu'une représentation de l'institution onusienne est ciblée. Dans son édition de minuit, le JT de ITV 1 a demandé au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon — qui se trouvait à Bali en Indonésie pour le sommet sur les changements climatiques — s'il n'avait pas l'intention de retirer son personnel d'Algérie, suite aux attaques. Pour toute réponse, le patron de l'institution onusienne a indiqué qu'il y aura certainement un redéploiement des agents, mais qu'il n'est aucunement question de retrait. Selon les analystes, deux raisons expliquent l'opération kamikaze ayant visé le bureau du H-CR à Hydra. D'une part, ils la qualifient d'acte de représailles contre l'ONU qui est accusée par El-Qaïda de soutenir l'action militaire des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan. D'autre part, l'attentat constitue un avertissement adressé à tous les ressortissants étrangers à quitter l'Algérie. Dans sa livraison d'hier, The Times, sous la plume d'Adam Sage, son correspondant à Paris, estime qu'Al-Qaïda entend exploiter le conflit interne en Algérie pour transformer ce pays en base arrière dans sa guerre contre l'Occident. Selon le journaliste, le choix de la date du 11 décembre porte la griffe d'Oussama ben Laden. Sous le titre “67 Algériens tués dans l'attentat le plus meurtrier depuis une décennie”, The Daily Telegraph pense aussi que le GSPC, sous l'obédience d'El-Qaïda, menace sérieusement l'Europe de l'Ouest. Lors d'une récente sortie médiatique, le patron des services britanniques de renseignement a confirmé ce genre de soupçons, en signalant que l'Algérie compte parmi les pays du sud de la Méditerranée pourvoyeuse de djihadistes. De son côté, George Joffe, professeur à Cambridge, note que l'emprise de l'organisation de ben Laden sur le GSPC est visible à travers le changement des cibles des opérations terroristes. Avant 2006, explique cet expert interviewé par The Guardian, le GSPC évitait de s'en prendre aux civils, ne visait guère des bâtiments officiels et commettait la plupart de ses forfaits en dehors des grandes agglomérations. Sur le même ton, Franck Gardner met en exergue le changement du mode opératoire du groupe armé algérien. Le journaliste de la BBC s'appuie, dans son analyse, sur le recours systématisé des terroristes aux kamikazes. Selon lui, cette méthode d'Al-Qaïda a été importée d'Irak par des djihadistes algériens. Quoi qu'il en soit, la situation sécuritaire en Algérie est décrite comme alarmante. Comme l'ensemble de ses confrères, The Guardian a fait le bilan des attentats qui ont eu lieu en 2007, dont l'explosion au mois de septembre d'une bombe sur le parcours du cortège présidentiel à Batna. “Une année de violence”, a titré ce quotidien à gros tirage hier. Le Foreign and Commonwealth Office, par la voix de son premier responsable David Miliband, a vivement condamné les attaques. En même temps, il a procédé à la modification du travel warning. Si le niveau de la menace reste inchangé, il est vivement conseillé aux ressortissants britanniques actuellement en Algérie d'être prudents et vigilants. Par ailleurs, les Anglais désireux se rendre en Algérie sont invités à s'informer de la situation. Enfin, il est à signaler que contrairement à ses homologues américain et français, Gordon Brown n'a pas réagi aux attaques. S. L.-K.