“On veut plus d'Europe.” C'est ce que préconise Reda Hamiani, président du FCE (Forum des chefs d'entreprise), contre ce qu'il appelle “la menace asiatique”. Lors de la table ronde organisée jeudi passé par la revue Economia au siège du CNC/PME (Conseil national consultatif pour la promotion des PME), il a insisté sur la menace qui pèserait, selon lui, sur l'économie nationale “les produits asiatiques sont de 30% moins chers que ceux d'Europe. À ce rythme, c'est notre économie qui s'installe durablement dans l'informel et la contrefaçon”. Le président du FCE, affichant son “européanité” sans ambages, affirme du coup que l'accord d'association signé en septembre 2005 ne fait plus peur et que, au contraire, il faut le renforcer : “Plus d'Europe, c'est plus de régularité.” De son côté, Zaïm Bensaci, le président du CNC/PME, insistera sur la nécessité d'axer tous les efforts sur la sous-traitance, qui est pour lui “la meilleure solution d'accéder au marché européen”. Il donnera comme exemple le secteur pétrolier “qui peut engendrer des milliards et des milliards. C'est à nous de développer cela. Le temps n'est pas aux plaintes, mais au contraire, on doit assumer notre passé et préparer l'avenir dans les meilleures conditions possibles”. D'autres sujets touchant à l'économie nationale ont été abordés dans cette rencontre, et les avis divergeaient souvent sur les solutions à entreprendre. Ainsi, sur les dépenses publiques consenties par l'Etat, le président du FCE appelle à impliquer plus les PME : “On est en train de rater une opportunité historique de développer ces PME. Qu'on leur donne 10 ou 15% de ces dépenses”, en rappelant qu'aux Etats-Unis, “c'est carrément 25% des dépenses qu'on donne aux PME et PMI”. Allant dans le même sens, M. Bensaci épinglera le secteur bancaire : “Il faut des banques spécifiques aux PME. Celles existant ne sont pas axées sur l'investissement”, tout en se demandent : “En vertu de quoi elles peuvent juger l'utilité ou non d'un projet ?” Le rôle de l'Etat a été aussi abordé. À la demande de Hamiani de ne mettre aucun organisme public sur la question du foncier, le représentant du club CARE (Club algérien de réflexion sur l'entreprise) n'hésitera pas à afficher des options ultralibérales : “L'Etat en tant qu'acteur économique doit disparaître. Il doit se contenter d'un rôle de régulateur.” Cette rencontre débat a aussi permis aux intervenants de discuter à bâtons rompus sur les importations, ou encore le code du travail, avec au moins une conclusion : organiser “au moins une fois par année” des assises entre le patronat et les pouvoirs publics. Salim KOUDIL