Le président ouzbek Islam Karimov, qui devait être réélu hier, dirige un des régimes policiers les plus durs de l'ex-URSS, ne reculant devant rien pour imposer sa loi, comme lors de la répression sanglante d'un soulèvement à Andijan en 2005, analyse Sourat Ikramov, l'un des derniers défenseurs des droits de l'homme en Ouzbékistan. Septuagénaire, Karimov se voit sous un autre jour en chef d'un Etat moderne, démocratique avec une société libre ! En mai 2005 à Andijan, des centaines de manifestants ont été tués lors de manifestations populaires, et Karimov jure n'avoir rien fait d'autre que rétablir l'autorité de l'Etat, reconnaissant 187 morts, surtout des islamistes, devait-il souligner. C'est qu'il a bénéficié de l'après-attentats du 11 septembre aux Etats-Unis en inscrivant ses actions dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste. Il devient alors un allié des Américains qui lui fournissent des armes contre une base aérienne pour leurs opérations militaires en Afghanistan. Lorsque la répression d'Andijan marqua la fin de cette idylle, Karimov s'est alors mis à accuser l'Occident de chercher à le renverser. Il entretient des relations tendues avec ses homologues de la région. Chez lui, rien ne va plus, le pays est sclérosé par la domination de l'Etat, alors que l'une des deux filles, Goulnara Karimova, s'est approprié une partie de l'économie. Face à ces échecs, le mécontentement s'est répandu et les mouvements islamiques ont trouvé un terrain favorable pour se développer. Dès lors, toute critique contre Karimov est passible de prison où la torture est “routinière”, selon l'ONU. Depuis près de 20 ans, l'autoritaire président, qui devait être réélu pour un nouveau septennat, dirige d'une main de fer un régime policier d'une telle efficacité que chacun se méfie de son voisin. Le SNB (Service national de sécurité), le successeur du KGB dans cette ex-République soviétique d'Asie centrale, quadrille la société ouzbek. D. B.