“C'est un acte barbare”, a condamné Djamel Ould-Abbès, ministre de la Solidarité nationale, concernant les agissements de la télévision qatarie Al-Jazeera. Après une minute de silence et une brève allocution où il a présenté ses sincères condoléances et a promis la totale prise en charge des victimes, le ministre a déclaré, hier, au siège de son département à Birkhadem, devant les familles endeuillées, réunies pour étudier l'évolution du dossier d'indemnisations des derniers attentats, que le sondage lancé par la chaîne Al-Jazeera est “un crime contre le peuple algérien”. Outré par les agissements de la télévision qatarie, il a réaffirmé sa condamnation de la forte et scandaleuse médiatisation des attentats du GSPC. “Le sondage lancé par cette chaîne n'est pas un dérapage, mais c'est une insulte à l'éthique professionnelle, à la morale et aux valeurs universelles reconnues par toutes les religions. C'est tout simplement le mépris de la vie humaine”, a-t-il affirmé en s'interrogeant, sur le but de cet acharnement médiatique. “Il y a eu plusieurs attentats dans le monde ; celui de New York, celui de Londres, d'Espagne… pourquoi Al-Jazeera n'a pas lancé ce sondage lors de ces attentats ? Elle a attendu le 11 décembre pour déclarer que le peuple algérien est favorable au terrorisme. Cette chaîne veut nuire à la paix dans notre pays”, s'indigne-t-il. À cette occasion, Ould-Abbès a annoncé que les familles des victimes ont souhaité déposer une plainte, contre la chaîne qatarie, au niveau de la Cour pénale de La Haye. Cette action sera soutenue par le ministère de la Solidarité nationale ainsi que par le gouvernement algérien. Une des victimes prend la parole : “Outrés par cette offensive médiatique, au nom de toutes les victimes des attentats du 11 décembre, nous condamnons Al-Jazeera, qui fait l'apologie du terrorisme, et nous nous réservons le droit d'entamer les démarches nécessaires auprès des institutions internationales afin d'ester cette chaîne en justice”, a déclaré un homme qui a perdu son beau-frère. M. Ksentini, président de la Commission nationale des droits de l'Homme, présent lors de cette réunion, a déclaré pour sa part que “c'est criminel de se réjouir d'un attentat qui a agressé tout un peuple et endeuillé le pays à quelques jours de l'Aïd”. Il a exprimé, par ailleurs, le soutien de la Commission des droits de l'Homme à cette démarche. Le ministre de la Solidarité a fait appel à Me Benbraham pour préparer et présenter le dossier de l'affaire Al-Jazeera. “La chaîne qatarie n'est pas à sa première offensive contre notre pays. Le sondage lancé, sur le Net, à quelques jours après les attentats, n'est pas crédible. il n'a aucun lien professionnel avec le journalisme ni la presse de manière générale. De ce fait, les responsables de cette chaîne doivent assumer pleinement leurs responsabilités et doivent prendre les dispositions nécessaires vis-à-vis des personnes à l'origine de ce scandale qui a touché l'Algérien dans sa chair. Nous pouvons facilement démontrer que ce sondage n'est que diffamation, désinformation et mensonge, aucun Algérien ne peut approuver les attentats du 11 décembre”, a-t-elle plaidé. Alors que l'avocate décortique l'affaire, les familles des victimes s'impatientent. On entend des pleurs et des soupirs dans la salle. Soudain, une voix s'élève du fond et crie : “Mon frère est mort, c'était un humanitaire, il travaillait pour le développement de ce pays au Pnud. Nous sommes venus pour que justice soit faite. Parlez-nous des commanditaires de ces attentats ? Qui sont-ils, avez-vous des informations sur eux ? C'est ça votre réconciliation nationale ! Vous avez relâché ces criminels et maintenant nous subissons les conséquences !” a-t-elle affirmé avant d'éclater en sanglots. Comme un vent de colère qui a soufflé dans cette salle, tour a tour les familles des victimes s'expriment ouvertement et demandent des comptes au ministre. En un clin d'œil, la salle s'est vidée, la moitié des familles des victimes est sortie, laissant le ministre et son staff autour de la table. Surpris par la franchise et la spontanéité des familles, le ministre les a rattrapés, et a réussi à les faire revenir à la salle. “Je vous promets qu'aucune famille ne sera dans le besoin, tous les dossiers seront traités un par un. Je sais qu'aucune maison et aucune somme d'argent ne peuvent atténuer vos souffrances, mais je promets de prendre en charge tous vos problèmes, la loi est claire sur l'indemnisation des victimes du terrorisme”, a-t-il rassuré. Il a annoncé, par ailleurs, que ces attentats ont fait 46 orphelins dont 36 mineurs. Ould-Abbès a ajouté que son département en collaboration avec les services de la wilaya d'Alger, notamment le CTC, prendront en charge la restauration voire même la reconstruction des maisons détruites par la déflagration. Il a cité l'exemple des 12 familles de Hydra, logées provisoirement à Aïn Bénian. Pour les autres victimes, “tous vos droits seront assurés, je ferai tout pour panser vos plaies”, a-t-il promis. Nabila Afroun