Allant à contre-courant des pressions exercées par les Occidentaux contre le régime iranien en raison de son refus de suspendre l'enrichissement de l'uranium, la Russie relance avec ce pays les négociations pour la vente d'armes, d'hélicoptères et d'autres équipements militaires. À en croire le quotidien russe Kommersan, qui se base sur des sources militaires locales, les négociations sur des livraisons d'équipements militaires russes à l'Iran, notamment des moteurs d'avion et des hélicoptères, ont repris entre Moscou et Téhéran. Pour rappel, la Russie avait suspendu en 2005 ses négociations sur les ventes d'équipements militaires à l'Iran, alors que les tensions autour du programme nucléaire iranien avaient atteint des proportions inquiétantes. Dans son édition d'hier, le journal moscovite affirme que le régime iranien désire acquérir auprès des Russes des moteurs RD-33 pour équiper de nouveaux chasseurs supersoniques iraniens qui doivent remplacer les F-5 américains mis en service dans les années 1970. Citant une autre source dans le secteur militaire, Kommersant indique que la Russie pourrait également créer une version modernisée de l'hélicoptère Ka-32 que Téhéran souhaite assembler en Iran. Le quotidien précise qu'une réunion de la commission intergouvernementale russo-iranienne sur la coopération militaro-technique s'est tenue la semaine dernière à Téhéran. Selon le directeur du service fédéral russe pour la coopération militaro-technique, Mikhaïl Dmitriev, la coopération russo-iranienne dans le domaine de la défense “renforce la stabilité dans la région”. À l'issue de la réunion, il a souligné qu'il pourrait s'agir uniquement de livraisons “d'armes défensives”. Dans le cadre d'un accord antérieur d'un montant de 700 millions de dollars prévoyant la livraison de 29 systèmes, la Russie a livré en 2006-2007 à l'Iran des systèmes de défense anti-aérienne Tor-M1. Kommersant affirme qu'il est “évident” que les négociations ont “repris après la publication d'un rapport du renseignement américain” selon lequel Téhéran aurait arrêté en 2003 son programme secret pour fabriquer l'arme nucléaire, commente Kommersant. Il ajoute : “La Russie a probablement décidé de profiter de l'ajournement de la menace de guerre américano-iranienne pour tenter de vendre un maximum d'armes à l'Iran.” Reste à savoir maintenant qu'elle sera la réaction des Occidentaux, notamment les Etats-Unis, parce qu'ils préconisent un renforcement des sanctions de toutes sortes contre l'Iran, pour l'amener à arrêter l'enrichissement de l'uranium. Cela étant, Moscou n'aurait certainement pas pris la décision de relancer sa coopération militaire avec Téhéran, après avoir repris sa livraison de combustible nucléaire à la centrale de Bouchehr, si elle n'avait pas décelé des indices l'encourageant en ce sens. En effet, bien qu'elle se soit toujours opposée jusque-là aux sanctions occidentales, Moscou s'est cependant gardée de soutenir ouvertement l'Iran dans son dossier nucléaire. K. ABDELKAMEL