L'Iran semble avoir décidé de contenir les milices chiites qu'il soutient en Irak. C'est ce qui expliquerait la nette baisse des attentats aux engins piégés dans ce pays ces derniers mois, a révélé un diplomate américain de haut rang. La direction iranienne au plus haut niveau agit pour restreindre les milices chiites qu'elle soutient en Irak, a déclaré Satterfield, coordinateur pour l'Irak et conseiller de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice. Si le flot des armes en provenance d'Iran ne semble pas s'être tari, la baisse générale du nombre des attaques en Irak doit être attribuée à une décision politique des Iraniens, a-t-il estimé. Il est vrai que depuis un trimestre au moins, l'Irak est comme dans une phase de décrue avec une diminution nette et continue de la violence. Et cette évolution n'est pas due qu'à des facteurs internes à l'Irak où la situation politique n'a pas évolué, chiites et sunnites se regardant toujours comme des chiens de faïence. Pour le collaborateur de Mme Rice, le commandement iranien a dû dire ou faire quelque chose. Un responsable américain, sous couvert de l'anonymat, a appuyé cette thèse en soutenant à son tour que l'Iran a opéré un changement subtil de tactique en Irak. Pourtant, l'administration Bush accusait régulièrement le gouvernement iranien de semer le chaos en Irak en y envoyant des armes et en y finançant des groupes extrémistes chiites irakiens, ce que les Iraniens démentent. Contrairement au département d'Etat, le Pentagone continue à se montrer prudent sur la nouvelle position iranienne, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates affirmant qu'il restait à savoir si l'on pouvait imputer à l'Iran la baisse de ces attaques. Les révélations de Satterfield interviennent alors qu'un quatrième round de discussions irano-américaines sur l'Irak doit avoir lieu, à une date qui reste à déterminer. La réunion entre experts américains et iraniens prévue le 18 décembre a été reportée. L'objectif de ces rencontres est d'étudier les moyens de contribuer à une réduction de la violence en Irak. Téhéran, de son côté, se fait moins violent, encourageant Washington à des mesures positives pour prouver sa volonté de désamorcer la tension entre les deux pays. Le ministre iranien des AE, Manouchehr Mottaki, a révélé qu'après la publication du rapport des agences américaines de renseignement, confirmant le caractère pacifique du programme nucléaire de Téhéran, les responsables américains évoquent la possibilité de désamorcer la tension avec l'Iran. Il a souligné que l'administration Bush était consciente du rôle important que joue l'Iran dans la région et dans le monde. “Nous nous félicitons de toute approche rationnelle fondée sur le respect mutuel, pour une amélioration des relations, loin de toutes les allégations sans fondement”, a déclaré le responsable iranien. D. B.