Un enseignant autorise ses élèves à ouvrir leurs parapluies dans la salle de cours afin de se protéger contre “la pluie qui tombe du plafond !” Un autre a placé des récipients un peu partout dans sa classe pour recueillir l'eau, seul moyen d'éviter les inondations. Sous les effets conjugués de l'âge et du laisser-aller endémique, la plupart des vieilles écoles primaires de la wilaya de Mila se trouvent, actuellement, dans un état qui laisse à désirer. La dégradation au fil des années de ces structures a fini par les fragiliser et leur donner une physionomie des plus rébarbatives. Aussi, sont-elles mises à rude épreuve à chaque saison hivernale en raison des importantes infiltrations d'eau pluviale. À Chigara, commune montagneuse du nord de la wilaya, l'école Bourouis-Brahim en est un exemple édifiant. C'est les pieds dans l'eau qui inonde les classes que les potaches suivent leurs cours. En effet, le bloc pédagogique, exposé aux courants d'air et aux pluies, est continuellement submergé par l'eau de pluie qui s'infiltre par les fenêtres sans vitres et sous les portes. L'atmosphère est invivable, ce qui a poussé tout récemment l'Association des parents d'élèves à se plaindre au président de l'APC afin de trouver un palliatif à cette situation, d'autant que Chigara, perchée à 1 100 mètres d'altitude, est connue par ses hivers rigoureux.Dans la commune de Sidi Merouane, la triste palme revient aux écoles Bouchelif et Makhloufi. La première comporte une aile (3 classes et les sanitaires) dont les toits en tuiles et les plafonds dans un piteux état laissent passer d'importantes infiltrations des eaux de pluie. D'ailleurs, une récente expertise effectuée des services de l'APC a classé le bloc pédagogique en question “bon à démolir”.Mais le plus insolite, c'est au niveau de l'école Makhloufi, située à quelques encablures du lac de Beni Haroun. L'un des enseignants affirme avoir autorisé ses élèves à ouvrir leurs parapluies à l'intérieur de la salle de cours afin de se protéger de la pluie “qui tombe du plafond !”. Pendant que l'un de ses collègues a eu l'ingénieuse idée de placer des récipients un peu partout dans sa classe pour recueillir l'eau et éviter l'inondation. outefois, cette malheureuse situation n'est pas le panache des seules écoles des régions enclavées, elle est observée jusqu'au chef-lieu de wilaya, où des écoles primaires comme celle de Sennaous sont en bute au même phénomène. Bref, la situation est pour ainsi dire inquiétante et la tutelle est plus que jamais interpellée, car on ne peut se targuer de réformes dans le secteur, alors que les établissements scolaires sont dans un tel état de déliquescence. K. Bouabdellah