L'Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak demande le départ des troupes US. Les Irakiens n'arrivent toujours pas à s'entendre sur la gestion de leur pays après la chute de Saddam Hussein. L'Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak, qui a participé, hier, à Bagdad, à une réunion de l'opposition organisée par les Etats-Unis, refuse les plans de la Maison-Blanche. L'organisation chiite majoritaire dans le pays estime que “les Américains doivent quitter l'Irak, car leur présence ne se justifie pas”. Son chef, le mollah Abou Ahmed, dénonce ce qu'il appelle “l'ingérence américaine” et menace de boycotter la prochaine réunion de l'opposition. Après avoir gagné la guerre contre Saddam, l'Administration Bush éprouve des difficultés à relancer la construction de l'Irak en le dotant d'abord d'une direction que reconnaissent tous les Irakiens. Or, aujourd'hui, c'est loin d'être le cas. Hormis les Kurdes et certaines organisations qui sont loin d'être représentatives, les autres parties, notamment les chiites qui constituent la majorité du peuple irakien, s'opposent carrément à la présence américaine. Ce que l'Administration Bush ne veut pas entendre pour le moment, quitte à mater les récalcitrants comme les GI's l'ont fait, il y a quelques semaines, à Mossoul, et hier à Falloudja à l'ouest de Bagdad. La Maison-Blanche compte bien laisser derrière elle une direction qui travaillerait pour ses intérêts. Et cette direction ne serait certainement pas celle qui prêterait allégeance au régime des mollahs de Téhéran, comme c'est le cas de l'Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak dont les dirigeants ont été longtemps sous la protection de l'Iran. “C'est pour bien gérer” cet après-Saddam que les Américains veulent rester le plus longtemps possible dans le pays qu'ils occupent déjà depuis plusieurs semaines. Le secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, avait déclaré, avant-hier, que ses troupes resteront “aussi longtemps qu'il faudra, pas un jour de plus”. Il y a quelque temps, cette période était fixée à deux années. Voilà ce qui nourrit de plus en plus l'inquiétude des Irakiens qui pensent qu'il faut combler au plus vite le vide laissé par la chute du régime. Autant les Américains tardent à former un nouveau gouvernement, autant l'opération “Liberté pour l'Irak” se vide de son sens pour laisser place à la désillusion. Après le déluge de bombes qui a emporté le régime de Bagdad, les Irakiens se réveillent pour se rendre compte qu'ils ne sont plus maîtres de leur destin. L'Administration Bush qui trouve des difficultés ou gagne du temps pour installer une direction nationale a, cependant, d'autres priorités. Celles qui consistent à prendre en charge les objectifs pour lesquels elle a fait la guerre à Saddam. Les participants de l'opposition irakienne à la réunion organisée avant-hier par l'administrateur civil américain en Irak, Jay Garner, ont convenu d'une autre rencontre dans quatre semaines pour définir les modalités de formation d'un gouvernement intérimaire. Mais lorsque l'on sait que les chiites, qui s'opposent aux plans américains, ne veulent pas lâcher du lest et demandent le départ des GI's de leur pays, il est alors fort probable que cette réunion serait sans lendemain. S. R.