Liberté : Est-ce qu'on peut parler de “crise” au sein du FLN ? A. Bouhara : La crise existe bel et bien, et elle ne date pas d'hier. Je crois que le parti du FLN ne s'est pas encore remis de sa déstabilisation de 1988. C'est une crise qui touche aussi bien l'identité, le fonctionnement et l'organisation interne, mais c'est surtout une crise de confiance et de stratégie d'alliance. Cependant, il faut voir les choses du bon côté. Cette crise est un “mal nécessaire” si l'on veut que le parti politique évolue. Aussi, prétendre qu'il n'y a pas de crise, c'est freiner cette évolution et aller droit vers le mur. Il faut qu'il y ait un parti politique capable de défendre les intérêts du peuple algérien sur les plans politique, économique, culturel et social. C'était là la mission du FLN historique de la Révolution de 1954. Aussi, un débat d'idées au sein du FLN d'aujourd'hui est plus que nécessaire. Revenons un peu sur la scène sociale où vous n'êtes pas sans savoir la tenue de trois rencontres interministérielles pour l'examen de la situation du marché national des produits de large consommation, sans oublier la baisse du pouvoir d'achat et le chômage. Quelles solutions prévalent, selon vous, si l'on veut remédier à cette situation ? La cherté de la vie et la baisse du pouvoir d'achat sont un fait avéré. Je ne suis pas au niveau du gouvernement, j'occupe seulement le poste de parlementaire, lequel consiste à assurer le contrôle de l'Exécutif, mais nous sommes des citoyens, nous ressentons ces problèmes au même titre que les autres. Une chose est sûre, le citoyen moyen arrive à peine à joindre les deux bouts. Y remédier est d'abord un travail de réflexion collectif. Tous devront participer, aussi bien les responsables de l'Exécutif, les partis politiques que les parlementaires. Il faut instaurer un débat national, si l'on veut un jour rendre plus aisée la vie des Algériens. Quel portrait faites-vous de l'homme d'Etat, Houari Boumediene ? Houari Boumediene est une figure emblématique de l'étudiant révolutionnaire. Il était au cœur d'événements très importants. Il n'était jamais loin de ce qui se passait dans le monde, mais surtout ce qui se passait dans son propre pays. Le colonialisme, les évènements du 8 Mai 45, Le Caire des années 50 et plus important la bataille de Dien Bien Phu en 1954. Autant d'événements qui lui ont permis de se forger cette personnalité qu'on lui connaissait. Propos recueillis par B. Nacer