S'exprimant sous couvert de l'anonymat, un haut responsable affirme que la direction du parti n'obéit plus aux règles et aux valeurs de la Révolution et encore moins à la volonté de la base. Le divorce entre la direction et les militants est une réalité au sein du FLN», a reconnu un ancien militant du FLN et membre de l'instance exécutive. Se confiant à L'Expression, ce responsable est longuement revenu sur la crise que traverse actuellement la maison du FLN. Sans ambages, il affirme qu'il y a une perte de confiance. Cette cassure entre la direction et la base n'est pas seulement liée aux élections locales, mais plutôt au non-respect des règles du parti. En d'autres termes, il dira: «Le FLN est un parti où il n'y a ni pilotage ni arbitrage. Ce qui fait que nous assistons à un phénomène de prise de décision par la violence, le chantage et les manoeuvres malhonnêtes». Alors que la direction du FLN dément toute déchirure dans les rangs du parti, le constat des militants de base reste amer. «Je n'ai jamais vu de ma vie ce qui se passe actuellement à l'intérieur du parti», avoue notre interlocuteur, avec regret. «Le parti n'a jamais atteint ce niveau de dégradation au point où il a perdu tous ses repères», témoignent également ses collègues. Cette réalité s'est traduite par une déstabilisation totale des cadres du parti. L'histoire des listes électorales est la goutte qui a fait déborder le vase. Le malaise au sein du parti, explique notre interlocuteur, ne date pas d'aujourd'hui. Bien au contraire, il remonte à l'époque de Ali Benflis sauf, dit-il, que la situation a empiré depuis. Pourquoi justement? Notre source explique tout simplement que la direction a accaparé le pouvoir tout en ignorant les recommandations de la base. Cet ancien fidèle du parti ne reconnaît plus le visage du FLN. «Le pays a besoin du FLN, mais pas de n'importe quel FLN» a-t-il clamé. Plus explicite, notre interlocuteur affirme qu'un parti «qui ne veille pas au respect de l'Etat de droit, de la démocratie publique, des valeurs de la Révolution et ne participe pas à la stabilité des institutions de l'Etat et la sécurité des biens des personnes, ne mérite pas de porter le sigle du FLN». Le fonctionnement du parti n'obéit plus aux règles et aux valeurs de la Révolution et encore moins à la volonté du peuple. «Je ne vois pas d'inconvénient à ce que des gens financent le parti, mais je suis contre ceux qui veulent être au centre de décision», a-t-il lâché par la suite. Relevant l'appui du parti au programme du président, ce militant se dit tout à fait d'accord. Cependant, pour défendre un programme qui instaure l'Etat de droit, il faut d'abord, précise-t-il, être un parti de droit. Ce qui semble loin d'être pour le FLN. Le même constat reste valable pour la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Est-ce que le parti peut réaliser la réconciliation d'abord à l'intérieur de son camp?» s'est-il interrogé en faisant allusion au chef de file du parti. Toujours au chapitre des révélations, il dénonce: «Dans le programme du parti, il y a absence d'une volonté concrète de défendre la souveraineté nationale.» Preuve en est, dit-il: «Il n'y a aucune prise de position sur ce qui se passe à l'intérieur ou à l'extérieur du pays». Aussi, soutient notre interlocuteur, un débat s'impose au sein du parti. «S'il faut sacrifier ce parti pour sauver les valeurs de l'Etat, nous sommes prêts à le faire», s'engage ce membre actif du parti. «On ne peut pas continuer avec cette situation», conclut-il. De tels propos démontrent sérieusement l'intensité de la crise au sein du vieux parti. A la question de savoir si la double fonction est à l'origine de cette crise, il répond par la négative. «Elle n'est pas à l'origine, mais c'est un facteur aggravant», a-t-il précisé. Notre interlocuteur n'a pas apprécié la réponse du chef du gouvernement qui a annoncé qu'il n'est pas partant du secrétariat général du parti. «Ce n'est pas à lui de prendre la décision», a-t-il affirmé en expliquant que la décision est du ressort de l'instance exécutive.