RESUME : Fahima est au travail lorsqu'elle reçoit un coup de fil de sa belle-mère. Celle-ci, affollée, lui demande de vite rentrer avec son mari. Fahima part récupérer son mari et il décide de prendre le volant, à sa place. Elle voit bien ses larmes. Même s'il ne lui dit rien de ce qui s'est passé, elle sent que c'est grave… -Mais qu'est-il arrivé ? demande-t-elle, le cœur serré. Pourquoi gardes-tu le silence ? Madjid hausse l'épaule, une grimace au coin de la bouche. Son visage a pris une couleur foncée, sous le coup de l'émotion qu'il tente de lui dissimuler. Fahima ne comprend pas. Elle s'emporte. - Tu es au courant de quelque chose ! devine-t-elle. Pourquoi ne dis-tu rien ? J'ai le droit de savoir! Est-il arrivé quelque chose aux filles ? - Non, non… - Quelqu'un a eu un accident dans la famille? - On peut dire, répond-il évasivement, évitant toujours de la regarder. - Qu'est-ce que tu veux dire par "on peut dire" ? l'interroge Fahima. Pourquoi ne me réponds-tu pas clairement ? Qu'est-ce que tu me caches ? - Rien… La réponse est loin de la satisfaire. Elle saisit son mari par le bras et le secoue. - Hé! Mais qu'est-ce qui te prend , crie-t-il. Tu veux qu'on fasse un accident ? - Quoi qu'il se soit arrivé, je veux savoir! rétorque-t-elle en élevant la voix. Que s'est-il passé ? - Un accident, lâche-t-il. A la maison… - Rassure-moi, les filles n'ont rien? - Elles vont bien, répond-il. Seulement, notre appartement…Il est en feu… Madjid vient à peine de se taire qu'une fumée épaisse apparaît au loin. - Mon Dieu ! Ils ne sont plus très loin du village, mais Fahima a l'impression que les deux kilomètres se sont alongés et qu'ils ne veulent plus finir. Pourtant, lorsqu'ils arrivent, une vision de cauchemar les attend. Les flammes sortent des fenêtres. Les pompiers présents se débattent et luttent pour éteindre l'incendie. Le rez-de-chaussée et le premier étage ont été épargnés. Il y a le feu uniquement chez eux. - Mais comment est-ce arrivé ?s'écrie Fahima en s'élançant vers sa belle-mère entourée de la famille et des curieux. - Je l'ignore J'ai voulu ouvrir la porte et j'ai été projetée en arrière, par une explosion ,raconte-t-elle en larmes. Je ne sais pas ce qui a pu se passer…d'où le feu a pu partir…Fahima regarde autour d'elle, cherchant ses filles. Les rares enfants présents sont des garçons. Elles sont certainement chez l'oncle Ali. Il a dû les emmener, refusant de les laisser regarder un spectacle aussi désolant. Surtout que c'est leur foyer qui est en train de brûler. - Tu as bien fait de les envoyer chez aami Ali, dit-elle à sa belle-mère. Les filles n'auraient pas supporté ça! Dounia échange un regard avec ses neveux. Ces derniers se sont tournés vers Madjid et deux d'entre eux, lui parlent à voix basse. Il regarde vers l'ambulance dont les portes viennent d'être fermées et s'y dirige. Le médecin urgentiste lui parle en le prenant par le bras. Il a l'air désolé. Fahima sent que quelque chose lui échappe. Lorsqu'elle voit Madjid tomber à genoux et se cacher le visage, elle comprend qu'il est aussi arrivé malheur à ses filles. Les jambes lourdes, elle voudrait se diriger vers lui mais sa belle-mère la prend dans ses bras, devinant qu'elle avait compris. Personne n'a osé le leur dire… - Laisse-moi! Dis-moi où sont mes filles ! crie-t-elle. Je les avais laissés chez toi… - Elles voulaient regarder la télé, chez toi, répond Dounia. Et jouer à la poupée là-bas…Comme elles sont tranquilles, je n'ai pas refusé! - Rassure-mo! Elles ont eu le temps de s'échapper? La belle-mère secoue la tête. Les fillettes sont restées coincées à l'intérieur… A. K. (à suivre)