Si Dimona explosait, il affecterait un secteur de 500 kilomètres de rayon à vol d'oiseau. Atteignant jusqu'à Chypre et toutes les régions voisines. Selon l'Agence palestinienne pour la qualité de l'environnement, le réacteur israélien connaît de graves défaillances. Et ce n'est certainement pas de la propagande lorsqu'on apprend que le gouvernement israélien a récemment décidé de boycotter la BBC britannique après que cette dernière ait réalisé un film documentaire sur les armes nucléaires israéliennes, évoquant la possibilité de défaillances. Le ministère israélien des Affaires étrangères a expliqué que le film était antisémite, une accusation employée par Israël systématiquement à l'égard de ses détracteurs ou même de ses critiques. Il reste que, selon le docteur Youssef Abou Safiaya, chef de l'Agence palestinienne, “le réacteur nucléaire israélien de Dimona est susceptible de fusion incontrôlée de la même façon que le réacteur russe de Tchernobyl il y a deux décennies, lequel a causé une catastrophe humanitaire et écologique. Si Dimona explosait, il affecterait un secteur de 500 kilomètres de rayon à vol d'oiseau. Atteignant jusqu'à Chypre et toutes les régions voisines”. Même inquiétude chez les scientifiques jordaniens saisis par les Palestiniens : en cas de fusion incontrôlée, le gouvernorat jordanien de Tafila au sud sera contaminée. Des études épidémiologiques jordaniennes ont révélé que les taux de cancer ont augmenté dans cette région voisine du réacteur, d'où la supposition que des substances radioactives s'échappent du réacteur israélien. Dimona est la seule centrale nucléaire en activité dans le Moyen-Orient. Selon des sources palestino-jordaniennes, des images satellites montrent que les murs du réacteur ont des fentes. L'emplacement du réacteur dans le désert du Néguev est un emplacement délicat, placé entre l'Egypte, la Jordanie et les territoires de l'Autorité palestinienne. Le réacteur a été construit en 1963, en coopération avec la France et le Royaume-Uni, qui avaient promis de construire le réacteur en échange de l'aide israélienne après la nationalisation du canal de Suez par le président Nasser. Les Etats-Unis ont financé le complexe nucléaire et livré les premières tranches d'uranium enrichi. Le hic est qu'Israël, qui n'a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire, refuse de soumettre ses installations à l'inspection de l'AIEA ni de tout autre pays, fut-il les Etats-Unis. Dimona est toujours protégé de visites. Pourtant, selon tous les spécialistes, y compris occidentaux, le réacteur est maintenant obsolète : ses murs de confinement se sont usés, ce qui pourrait causer des fuites de radiation à l'extérieur du réacteur, une situation qui amènera des atteintes dévastatrices à la santé et des dégâts écologiques dans les pays limitrophes. Selon les mêmes experts, le réacteur présente une fente dangereuse causée par la radiation “neutronique”, qui a causé des dégâts structurels. Les neutrons, expliquent-ils, créent des petites bulles de gaz à l'intérieur du bouclier de béton, le fragilisant et le rendant susceptible de s'effriter. Al Bayan, un journal des Emirats arabes unis, croit savoir qu'un débat se déroulait en Israël pour définir s'il fallait stopper le réacteur avant que la catastrophe n'arrive, ou s'il fallait attendre. En outre, un reportage réalisé par la deuxième chaîne de télévision israélienne a révélé que des dizaines de salariés du réacteur sont morts du cancer et que l'administration du réacteur refuse de révéler le nombre réel d'accidents et d'incidents survenus. Quant aux déchets résultant des opérations d'enrichissement nucléaire dans le réacteur de Dimona, le docteur palestinien a déclaré qu'ils sont ensevelis dans des secteurs limitrophes des territoires contrôlés par l'Autorité palestinienne, ainsi que des territoires jordaniens et égyptiens. Particulièrement dans des secteurs où la nappe phréatique et la direction du vent ne va pas dans la direction d'Israël ! Le même reportage de la deuxième chaîne de télévision israélienne a également révélé que des déchets du réacteur sont enterrés dans des zones à l'est du camp de réfugiés d'Al-Bureij et de la ville de Deir El Balah. Durant l'Intifada, selon l'expert palestinien, les Israéliens ont enterré près de 50 000 tonnes de déchets industriels chimiques à Gaza, à seulement 30 mètres de profondeur, sur un zone de 5 000 mètres carrés, dont ils ont volé le sol arable pour l'emporter en Israël, laissant les déchets industriels à la place. D. Bouatta