Le président français suit à la trace son homologue américain en tournée au Moyen-Orient. Washington et Paris partagent la même inquiétude concernant ce que Bush et Sarkozy qualifient de menace iranienne, et cela malgré l'annonce par l'AIEA de la reprise de la coopération avec Téhéran et, juste avant, la publication du rapport des 16 agences de renseignement américaines concluant à l'abandon par l'Iran de la filière bombe atomique en 2003. Pour les autres dossiers, les deux capitales se sont partagées le travail. À Bush la question de la reprise des négociations israélo-palestiniennes qu'il a rouvertes à Annapolis et à Sarkozy le casse-tête libanais, et cela bien que la Ligue arabe l'ait coiffé au poteau avec un plan qui, apparemment, séduit les divers protagonistes libanais, dès lors qu'il a le soutien de Damas. Mais pour les affaires et les armes, chacun pour soi et le président américain a une bonne longueur d'avance, le terrain lui étant fortement acquis depuis très longtemps déjà et aujourd'hui plus qu'hier avec la question irakienne et la lutte antiterroriste. Le vœu de Bush est de vendre plus d'armes à ses alliées du Golfe, d'où ses mises en garde contre l'imminent danger iranien. La vente d'armes aux pays du CCG fait partie de sa stratégie pour contenir l'Iran, grande priorité de sa tournée dans le Golfe. Bush a, d'ores et déjà, remporté la partie puisqu'il rentre à Washington avec un carnet de commandes rempli. Son administration devrait notifier formellement aujourd'hui au Congrès son intention de vendre pour 20 milliards de dollars d'armes à l'Arabie saoudite et à des Etats du Golfe. Cette notification intervient le jour où Riyad accueille le président américain après que Sarkozy l'ait quitté. Le président français, qui n'arrive toujours pas à placer ses avions Rafale dans la région, a arraché à l'Arabie saoudite un contrat sur le nucléaire civil mais, auparavant, Sarkozy devait supprimer la Sofresa (Société française d'exportations d'armes), qui travaillait principalement sur l'Arabie saoudite, et consistait en un intermédiaire faisant monter le prix des armements. Elle sera remplacée par un office gouvernemental, et les contrats passeront dorénavant d'Etat à Etat. Ce qui devrait, espère Sarkozy, rendre la France plus compétitive en matière de vente d'armements. Après l'Arabie saoudite, dont c'est la première visite dans le Golfe, le président français devait se rendre au Qatar puis à Abou Dhabi, de gros clients d'armes. Il reste à mesurer l'impact des menaces de Bush dans sa tentative de mobiliser derrière lui ses alliés du Golfe contre l'Iran. À Riyad, Abdallah, qui l'écoutera avec intérêt, devait lui rappeler que l'Arabie saoudite est un voisin de l'Iran et que les Saoudiens, tout comme les autres habitants de la région, souhaitent que l'harmonie et la paix prévalent entre les pays du Golfe, pour reprendre le commentaire du chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud El-Fayçal. D. B.