La Centrale estime que “la privatisation des hydrocarbures remet en cause les acquis du 24 février 1971” et tend à répondre à l'appétit inavoué des grandes multinationales. Sans ambages, cette fois-ci l'UGTA se démarque de toute forme de réconciliation nationale et se refuse à cautionner toute démarche visant à “négocier avec les criminels”. La 4e session de la commission exécutive nationale, tenue hier, à Zéralda, ne s'est point limitée à l'adoption d'un programme d'action sur le terrain socio-économique, tel que prévu initialement à travers l'ordre du jour arrêté. Reprenant langue avec la chose politique qui a forcé la concentration des débats, Sidi Saïd s'interrogera sur les dessous de la philosophie réconciliatrice qu'il considère comme une tentative de “réhabilitation du FIS dissous”. “Non. On ne peut cohabiter avec ceux qui ont égorgé et violé”, lancera-t-il en rappelant que “l'UGTA aux côtés de la société civile s'était levée pour lutter contre l'effondrement des institutions de l'Etat”. À ce titre, il revendiquera le rôle qu'a joué son organisation en 1992, notamment pour l'annulation du processus électoral. D'aucuns feront remarquer que Sidi Saïd apportait là, en fait, des réponses au président de la République qui a qualifié l'annulation de ce scrutin de “violence”. En tout cas, le responsable de la centrale inscrit cette action dans le chapitre des impératifs de sauvegarde de la République. La déclaration finale de cette CEN prévoit d'ailleurs un bon chapitre sur cet aspect, puisque l'UGTA se déclare consciente des menaces sérieuses qui se précisent pour le retour du climat de fanatisme, d'intolérance et de terreur généralisée... et à l'éclatement de la nation. Aussi, la centrale annonce, dans la même déclaration, qui devra être adoptée, en principe, “qu'elle reste mobilisée dans la lutte contre le terrorisme intégriste... et le retour de tous les projets rétrogrades, fanatiques et violents”. Les destinataires de ce message semblent tout désignés, puisque, la préoccupation des syndicalistes ne s'arrête pas uniquement au retour du FIS, mais “à l'intégrisme en général qu'il faudra rejeter”, fera remarquer M. Badaoui, le représentant du syndicat des douanes. Celui-ci n'a point fait dans les sous-entendus ou “fausses déclarations”, allant jusqu'à tirer à boulets rouges sur l'UGTA, dénonçant son absence, voire son immobilisme tout au long de l'évolution des évènements engageant le pays. M. Badaoui, insistera surtout sur la nécessité de se positionner en tant que centrale syndicale face à “la répression féroce qui s'abat sur la Kabylie”, reconnaissant que la plate-forme d'El-Kseur consacre dans son esprit des revendications démocratiques et de portée nationale. “Il nous faut une position claire et sans ambiguïté”, criera-t-il. Il est vrai qu'une des déclarations de ces travaux fait état de la situation en Kabylie, relevant “l'indivisibilité de la nation et l'appel au dialogue” que lance la Centrale pour “bannir tout affrontement fratricide”. S'agissant de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, que Sidi Saïd a qualifié de “pseudo-projet”, l'UGTA déclare le rejeter solennellement dans le fond et dans la forme. Dans la déclaration finale, elle demande son retrait et l'ouverture d'un débat national. Dans son argumentaire de rejet, la Centrale cite la convergence de vues avec certains courants du patronat privé et de quelques formations politiques. L'UGTA estime dans son analyse que “la privatisation des hydrocarbures remet en cause les acquis du 24 février 1971” et tend à répondre à l'appétit inavoué des grandes multinationales. À ce titre, la déclaration relève que “cette privatisation des richesses énergétiques, porte en elle la liquidation à terme, et par des effets d'étouffement inévitables, de l'entreprise Sonatrach”. Enfin, procédant à une évaluation des résultats de la dernière bipartite, l'UGTA, dans sa résolution finale, s'affiche satisfaite de cette avancée, en “matière d'amélioration des revenus de certains secteurs de la fonction publique” qui reste cependant insuffisante, au regard du coût de la vie, est-il mentionné. Pourtant, “l'avenir et le sort de l'UGTA sont liés au dossier épineux de la fonction publique”, fera remarquer un autre syndicaliste, indiquant que les commissions paritaires sont engagées sur la négociation. Finalement, le projet de loi sur les hydrocarbures aura fait monter bien des déclarations, longtemps restées enfouies au fond des… puits sur d'autres gisements. A. W.