Un risque que Sarkozy n'ait pas voulu prendre. Comme il l'avait dit pendant sa campagne, le chef de l'Etat a œuvré, dès son arrivée à l'Elysée, pour un traité européen simplifié à ratifier par voie parlementaire. Le Parlement français a entamé, hier, l'examen du projet de loi modifiant la Constitution, préalable à la ratification du nouveau traité européen par voie parlementaire, conformément au souhait de Nicolas Sarkozy. Le président français a choisi cette voie pour ne pas à subir un échec, les sondages n'étant pas fermes sur les intentions de vote des Français d'autant qu'ils avaient massivement rejeté le premier projet de Constitution européenne en mai 2005. Ce qui marquait la descente aux enfers pour Jacques Chirac. Très habile, Sarkozy a caché sa crainte des urnes en insistant plutôt sur l'effacement du camouflet du non infligé à son prédécesseur. Les Pays-Bas devaient rejoindre un mois plus tard la France et l'Europe a tourné alors au ralenti pendant plus de deux ans jusqu'à l'adoption, à l'automne dernier, du traité européen simplifié de Lisbonne, que Sarkozy a présenté comme son œuvre ! Sarkozy ayant rejeté la voie référendaire, une fois adopté par les députés et sénateurs, la modification de la Constitution, sera plébiscitée par les deux chambres en congrès à Versailles, le 4 février, où elle devra, néanmoins, obtenir une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés pour être définitivement adoptée. La Constitution modifiée, le projet de loi autorisant la ratification du traité sera soumis le lendemain à l'Assemblée nationale et au Sénat où il devrait être voté à une large majorité. Seulement, si les groupes UMP et Nouveau centre sont favorables à cette ratification, chez les socialistes, les radicaux et les verts, ce n'est pas encore tout à fait tranché. L'opposition est majoritairement favorable au traité mais elle pourrait faire durer son plaisir en contrariant la victoire de Sarkozy. Le PS votera à l'Assemblée et au Sénat mais n'ira pas au Congrès de Versailles, pour protester contre la décision de Sarkozy de le faire ratifier par la voie parlementaire. Lors de ses vœux aux parlementaires, le président français les a invités à revenir sur leur décision en s'interrogeant : qui pourrait comprendre que sur un sujet aussi important que l'Europe le choix soit de ne pas venir, martelant, ce n'est pas maintenant qu'on a remis l'Europe sur les rails qu'il faut aller s'amuser à les recasser. Une satisfaction pour Sarkozy, le nouveau spectacle affligeant qu'a donné le Parti socialiste sur son dossier du traité modifié européen. La question européenne a rallumé des dissensions internes qui avaient mené le PS au bord de l'implosion en 2005, le PS se scindant entre partisans du oui et tenants du non. De quoi, l'achever après les séismes de la politique d'ouverture aux hommes de gauche de Sarkozy. En réalité, Sarkozy à joué sur du velours : ne sont hostiles au traité européen que quelques souverainistes UMP, un paquet de socialistes et les communistes, des élus qui avaient fait campagne pour le non lors du référendum du 29 mai 2005. D. B.