Les risques d'une escalade militaire dans le conflit du Sahara occidental sont de plus en plus perceptibles avec cette provocation marocaine de lancer une marche sur Tifariti, située dans les “territoires libérés”, au moment où le Front Polisario avait menacé de reprendre les armes. En réponse au Front Polisario, qui y avait tenu son congrès, le Maroc, par le biais d'une association satellite, compte organiser le 27 janvier prochain une marche pour “récupérer Tifariti”, située dans la “zone tampon”, provoquant ainsi le Front Polisario. En effet, une association marocaine entend organiser, le 27 janvier prochain, une “marche pacifique pour récupérer” Tifariti, une petite ville du Sahara occidental où les dirigeants du Polisario ont tenu, à la mi-décembre, leur congrès. Pour rappel, l'Organisation des Nations unies n'avaient émis aucun commentaire ou condamnation à cette occasion. Cette localité se trouve dans la partie du Sahara occidental qualifiée par le gouvernement marocain de “zone tampon” et par le Front Polisario de “zone libérée”, soit avec exactitude entre le mur de défense érigé par le Maroc dans les années 1980 pour repousser les attaques armées de ce mouvement et la frontière du territoire avec l'Algérie. Dans une conférence de presse mardi dans la capitale marocaine, Mohamed Reda Taoujni, le président de l'Association Sahara marocain, a affirmé : “Nous organisons une marche pour récupérer de manière pacifique et définitive ce territoire qui se trouve en zone démilitarisée, mais où les indépendantistes du Polisario multiplient les provocations.” Il a également indiqué que 912 personnes, dont des anciens militaires marocains, se dirigeront le 27 janvier à l'aube vers Tifariti. Versant davantage dans la provocation, il ajoute : “Nous allons nous y installer définitivement, et plusieurs milliers d'autres Marocains viendront nous y rejoindre.” Dans le même ordre d'idées, le responsable de cette association laissera néanmoins transparaître l'engagement du gouvernement marocain dans cette initiative en déclarant : “Les autorités marocaines nous ont donné leur bénédiction et ont promis de nous défendre si nous sommes attaqués militairement par le Polisario.” Cela étant, cette association, qui avait annoncé à plusieurs reprises, ces deux dernières années, qu'elle voulait se rendre à Tifariti sans toutefois passer à l'acte, a bel et bien reçu le feu vert du Makhzen, exaspéré, il faut le souligner, par son impuissance à imposer son plan d'autonomie lors des trois premiers rounds de négociations de Manhasset avec le Front Polisario. L'autre indice démontrant l'implication des hautes autorités marocaines est que, selon Mohamed Reda Taoujni, les participants rejoindront, le 25 janvier, la ville de Smara, point de départ de la marche, et que l'itinéraire qui sera emprunté est déminé et sécurisé par les Forces armées royales. C'est dire que cette association ne constitue en fait qu'un outil entre les mains des autorités marocaines pour rendre la pareille au Front Polisario, avec toutes les conséquences que cela pourrait engendrer, notamment sur les négociations de Manhasset. K. ABDELKAMEL