La décision de créer une enquête indépendante sur le double attentat suicide du 11 décembre 2007 est une forme d'ingérence dans les affaires internes de l'Algérie. “Le responsable de la sécurité de l'ONU a demandé au gouvernement algérien des mesures de sécurité particulières, dont des barrages dans les rues (…) Le gouvernement n'a pas répondu à cela, c'est un fait établi.” Accusateur, Kemal Dervis, un responsable de l'Organisation des Nations unies, s'est exprimé, mercredi dernier, sur la création d'une commission d'enquête indépendante ordonnée par le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, à la suite des attentats d'Alger du 11 décembre 2007. M. Dervis, qui emboîte le pas à Ban Ki-moon, a affirmé que le responsable de la sécurité de l'ONU sur place avait fait une requête officielle aux autorités algériennes pour un renforcement des mesures de sécurité, peu après des attentats suicide dans la capitale. Ces déclarations accusatrices ont suscité de vives réactions tant chez des partis politiques que des organisations de la société civile. C'est ainsi que le Rassemblement national démocratique (RND) a estimé que la démarche de Ban Ki-moon “est une question qui doit être clarifiée. Si l'initiative de l'ONU concerne l'évaluation des mesures sécuritaires au niveau du bureau de l'organisation onusienne à Alger, cela est une affaire interne et ordinaire qui ne nécessite pas de commentaire ou d'interprétation. Si ce qui a été annoncé au nom des Nations unies vise à enquêter sur l'attentat terroriste ayant ciblé, le 11 décembre dernier, le siège de l'ONU, ce sera, en revanche, une démarche que le rassemblement regrette, étant donné que le monde entier est aujourd'hui ciblé par le terrorisme et prétend être uni sous l'égide de l'ONU”. Exprimant son indignation à l'égard de cette démarche, le parti d'Ahmed Ouyahia affirme que “si telle est sa conception, car elle constitue, dans ce cas, une atteinte à la souveraineté nationale de l'Algérie et une démarche qui n'adhère point aux efforts fédérés contre le terrorisme”. Et d'ajouter :“L'Algérie a lutté, dans un total isolement, contre le terrorisme, et a réussi à le vaincre grâce à ses potentialités en dépit des tentatives ignobles orchestrées durant les années 1990 pour porter atteinte à notre souveraineté, sous couverture du terrorisme (…) Nul n'a aujourd'hui le droit de daigner, par ses provocations, raviver nos plaies face aux résidus du terrorisme”. Par ailleurs, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a qualifié la décision de Ban Ki-moon d'“inutile en dépit du fait que cette opération ait été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb”. Mme Hanoune s'est interrogée : “Pourquoi l'ONU n'a pas créé une commission d'enquête après les attaques du 11 septembre 2001 qui ont ciblé le World Trade Center à New York causant la mort de plusieurs étrangers ?” Le mouvement Ennahda, pour sa part, a qualifié la décision de créer une enquête indépendante, d'ingérence dans les affaires internes de l'Algérie et d'atteinte à la souveraineté nationale qui demeure la ligne rouge et le domaine sacré que nul n'a le droit de transgresser. Le mouvement Ennahda, qui avait condamné auparavant l'acte terroriste qui a ciblé le 11 décembre dernier le siège des Nations unies à Alger et d'autres sites importants affirme aujourd'hui, avec clarté et fermeté, son “rejet des déclarations de Ban Ki-moon”. Pour sa part, l'Académie de la société civile algérienne (Asca) considère cette décision unilatérale “étrange, qui ne participe pas de la démarche internationale qui vise de manière profonde les règles de fonctionnement de l'ONU (…) Tout comme elle ne participe pas de l'effort de la communauté internationale dans le combat contre le terrorisme”. L'Asca qui révèle, par ailleurs, que l'ambassadeur d'Algérie auprès de l'ONU n'a pas été consulté, affirme que cette démarche constitue “un précédent d'ingérence dans les affaires intérieures” de l'Algérie. FARID BELGACEM