RESUME : De retour chez elle, Hadjer a une prise de bec avec sa maternelle, qui lui reproche de refuser de se marier avec un homme pour lequel elle a été promise depuis toujours . La vieille femme lève les mains au ciel. - Pourquoi dis-tu cela ? - Eh bien parce qu'il connaît mes sentiments envers lui… et ne veut rien faire pour mettre fin à ce mariage qui ne tient pas debout. - Heureusement pour toi. C'est un homme de bon sens. Salim. Sa sagacité lui a permis d'entrevoir surtout qu'une décision aussi sérieuse que celle de votre mariage est irrévocable. Les ancêtres ne nous pardonneraient jamais si on faisait fi de leurs engagements. Nous sommes là pour leur succéder et poursuivre leurs œuvres. Hadjer baisse les bras : - Cela suffit, mère. Je ne veux pas acheter de tissus pour le moment. J'ai tout le temps de préparer ce fameux trousseau pour lequel tu ne cesses de me harceler. Sa mère pousse un long soupir : - Cette conversation me fatigue Hadjer. Tu ne sais vraiment pas ce que tu veux, ma fille….. Hadjer s'enfuit dans sa chambre et s'enferme à double tour. Elle avait la bouche sèche et la langue pâteuse. C'était toujours pareil. Ses parents ne veulent rien comprendre. Elle doit courber l'échine aux dépends de son avenir et de son bonheur. Des larmes lui picotaient les yeux. Elle se surprend à repenser à Kamel. Ce jeune homme n'a pas fait un seul effort pour lui plaire. C'est venu comme çà. Il a suffit d'un simple regard pour que leurs cœurs s'emballent. Elle n'en doute pas. Elle avait tout de suite ressenti pour lui quelque chose. La même chose qu'il a dû ressentir pour elle. Une réciprocité dans leur penchant l'un envers l'autre. Est-ce çà le coup de foudre ? En tous les cas, ce jeune homme avait un charme fou, et ne paraissait pas du tout idiot. Des lueurs d'intelligence brillaient dans ses yeux. Ah ! ces yeux de braises aux cils recourbés ! Elle ferme ses paupières et pousse un soupir. Si seulement elle n'était pas déjà liée à cette brute qu'elle avait en horreur ! La soirée s'annonçait houleuse. Hadjer savait d'avance que sa maman allait encore la bouder comme à chaque fois qu'il y a une prise de bec entre elles. Particulièrement quant elle aborde le sujet de son mariage. Elle s'abstient alors de quitter sa chambre, et pour ne pas trop penser à son avenir conjugal, elle met de la musique, et se met à feuilleter une revue féminine. Elle admire tout d'abord les belles toilettes des mannequins, et, comme toutes les femmes élégantes, rêve de les porter un jour. “ Qui sait se dit-elle en s'étirant…. je vais peut être découvrir une mine d'or quelque part, et je pourrais alors m'offrir toutes ces folies qui me passent par la tête… y compris un beau mari…” Elle se sourit à elle–même, puis sentit les larmes picoter ses yeux : “ Pauvre de moi… je ne suis rien qu'une petite femme malheureuse sur cette terre… Je suis venue au monde pour souffrir… Mon destin n'a jamais été gai… J'ai rencontré des hommes beaux et intelligents… et à chaque fois je fais tout pour les éviter, pour la simple raison que je suis mariée.” Elle éclate d'un rire nerveux… “ Mariée… et comment ! Mariée ? Plutôt offerte en cadeau de noces à un inconnu.. Un homme qui n'a rien à m'offrir sauf la souffrance de devoir partager sa vie….” Elle se lève et se mouche, puis s'allonge sur son lit et ne tarde pas à sombrer dans un sommeil des plus profonds. Pendant ce temps et de l'autre côté de la ville, Fella terminait de raconter le récit de Hajder à son frère Kamel. - Les gens sont encore bornés à ce point… ? s'écrie ce dernier. Mais pourquoi la force-t-on à se lier à quelqu'un qu'elle n'aime pas ? C'est un véritable crime ! - Oui.. je sais.. mais elle n'y peut plus rien. Ses parents ont décidé pour elle, et elle se retrouve mariée à cet homme sans le vouloir. - Et lui, dans tout çà ? - Eh bien c'est pareil ; Il est soumis corps et âme à sa famille. - Quel imbécile ! Sait-il qu'elle ne tient pas à lui au moins ? - D'après Hadjer, il ne le sait que trop bien. - Alors pourquoi n'a-t-il rien fait ? - Il ne peut rien faire… Hadjer m'a même certifié qu'a un certain moment il lui a avoué qu'en fin de compte elle lui plaisait bien. Yasmina Hanane (À suivre)