La reprise s'est faite, hier, en rangs dispersés mais les lycéens maintiennent la pression et envisagent une autre grève à compter de samedi prochain. Désormais rien ne fait reculer les lycéens ni les menaces de Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, encore moins les matraques des policiers. Même décor, même climat depuis plus d'une semaine. Malgré l'appel à la reprise des cours, les lycéens ont poursuivi, hier matin, leur grève avant d'être forcés à rejoindre leur établissement. Des dizaines de lycéens se sont rassemblés, pour une énième fois, devant le lycée Barberousse ex-Delacroix. Ils ne sont pas convaincus par les multiples déclarations du ministre de l'Education. Ils maintiennent toujours la même revendication : “Alléger les programmes pédagogiques.” Certes la mobilisation était moins forte que d'habitude, mais le climat de colère est toujours de mise. “Le ministre doit nous définir la liste des cours à réaliser d'ici à la fin de l'année”, déclarent les terminales. Pour eux, l'installation de la commission d'évaluation, annoncée à grande pompe, n'est pas rassurante, d'autant que l'état d'avancement des cours n'est pas le même dans tous les lycées. “Il y a certaines filières où les enseignants ont préféré commencer les programmes par les cours du 3e trimestre. C'est impossible d'établir des sujets de baccalauréat dans ce type de conditions”, s'interrogent-ils. Les élèves tirent à boulets rouges contre le ministre de l'Education. “Son discours est incohérent ; tantôt il parle d'une réforme qui fonctionne bien avec des moyennes exceptionnelles, tantôt il relève des erreurs scientifiques trouvées dans le programme, notamment les manuels scolaires”, lance un élève du lycée de Dar El-Beïda. Sa camarade enchaîne dans le même sens : “Il veut de bonnes moyennes avec des livres truffés de fautes ! Il faut un miracle pour cela, car personne ne comprend son programme de réforme même pas les enseignants”, s'indigne Amissa, et d'ajouter : “Et maintenant, il nous menace. Les directeurs de lycée doivent passer des nuits blanches pour préparer des centaines de convocations pour les parents d'élèves grévistes, car ils se comptent par centaines”, précise-t-il. Cependant, les policiers, qui étaient nombreux, ont dû user de leurs matraques pour disperser les élèves de terminale regroupés devant le lycée ex-Delacroix et les faire rentrer dans leur établissement. Certains ont été malmenés et les plus têtus ont été interpellés et gardés pendant plus d'une heure puis relâchés. Il est 11h30, plus personnes n'est présent devant le lycée ex-Delacroix. Alors que certains sont rentrés dans leur établissement, de petits groupes d'élèves, éparpillés aux alentours du lycée, menacent de reprendre une grève de plus bel à partir de samedi. “Même si on reprend aujourd'hui, tous les lycéens menacent de recourir à une grève ouverte d'ici le 26 janvier, si aucune décision n'est prise en notre faveur”, répliquent-ils. Pour eux, le seul moyen qui puisse dénouer le conflit serait “la suppression des cours du 3e trimestre pour permettre aux élèves de préparer les épreuves du bac dans de meilleures conditions. Nous ne faisons même pas les exercices d'application. Comment pouvons-nous préparer l'examen final en préservant nos chances de décrocher le bac ?” expliquent-ils. Si des élèves des lycées du Sacré-Cœur, Barberousse, Omar-Racim ont repris le chemin des lycées, hier matin, leurs camarades de certains lycées de Kouba, Bouzaréah, Dar El-Beïda et autres ne décolèrent pas. Ils n'ont pas quitté leur lycée, mais ils y ont organisé des sit-in et des rassemblements. Pour ceux qui ont été forcés par la police à rentrer en classe, ils ont certes obéi, mais refusé de rejoindre les bancs des classes et préféré rester toute la matinée dans la cour de leur établissement en signe de protestation. Nabila Afroun