Constatant que les sanctions adoptées jusque-là n'ont pas modifié la position iranienne, les six puissances, menées par Washington, envisagent d'engager des négociations directes avec le régime d'Ahmadinejad, lequel a totalement ignoré l'annonce de la nouvelle résolution. Sans répondre à l'offre de négociations directes, Mahmoud Ahmadinejad a jugé, hier, qu'une prochaine résolution du Conseil de sécurité de l'ONU serait “sans conséquences”, tout en rappelant : “Notre position est très claire. Pour nous l'affaire nucléaire est terminée.” Imperturbable, le chef de l'Etat iranien a réaffirmé : “Le chemin nucléaire que nous suivons est clair, légal et conforme aux règles de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Sur ce chemin, personne, en dehors de l'AIEA, n'a le droit de s'exprimer, de prendre des décisions ou d'imposer sa volonté au peuple iranien.” Il conforte ainsi la déclaration faite la veille par le porte-parole de son gouvernement, Gholamhossein Elham, qui a affirmé que son pays ne suspendrait pas ses activités nucléaires, même en cas de nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Il a déclaré : “L'Iran poursuit ses objectifs dans le cadre de ses droits légaux et légitimes et l'adoption d'une éventuelle nouvelle résolution n'aura aucun effet sur l'attitude du peuple iranien.” Selon le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le projet de résolution prévoit que “des négociations directes sur le règlement de toutes les questions liées au programme nucléaire iranien” seront lancées entre l'Iran et les Six, y compris les Etats-Unis, si Téhéran accepte les propositions des six. Le chef de la diplomatie russe a également indiqué, d'après l'agence de presse Ria Novosti, que le projet de la nouvelle résolution, auquel ont abouti les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France) et l'Allemagne, prévoyait “des mesures supplémentaires” mais pas de nouvelles sanctions. Ces mesures “sont formulées comme des appels à tous les pays à être vigilants en développant des liens différents avec l'Iran afin de ne pas permettre des violations du régime de non-prolifération nucléaire”, expliquera Lavrov. Ce n'est pas exactement l'avis d'un haut responsable américain. Requérant l'anonymat, ce dernier affirmera que “la résolution sur laquelle ils sont tombés d'accord accentue la sévérité des sanctions” déjà adoptées contre l'Iran, comme les refus de visas à certains dirigeants iraniens et le gel des avoirs des entreprises liées au programme nucléaire, et “ajoutera de nouveaux éléments”. Ce texte sera présenté et mis au vote du conseil dans les prochaines semaines. Ceci étant, l'Iran assure que son programme nucléaire a un objectif exclusivement civil, mais de nombreux pays craignent qu'il puisse le détourner à des fins militaires. Jusque-la, le Conseil de sécurité a déjà exigé dans trois résolutions, dont deux assorties de sanctions, que Téhéran suspende notamment son enrichissement d'uranium, procédé qui permet en effet d'obtenir aussi bien du combustible pour une centrale nucléaire que la matière première nécessaire à une bombe atomique. K. ABDELKAMEL