L'Algérie fait l'objet d'attaques multiformes bien avant les attentats suicide du 11 décembre, dont l'un a été perpétré contre le siège du HCR à Hydra et qui semble servir de prétexte pour exercer une pression sur le pays. Des intérêts financiers et géostratégiques colossaux seraient au centre de plusieurs enjeux. “Les attentats kamikazes sont le signe de l'échec du terrorisme en Algérie.” Cette sentence est souvent revenue dans la bouche des experts internationaux au lendemain des tragiques attentats du 11 décembre qui ont visé les sièges du HCR à Hydra et du Conseil constitutionnel à Ben Aknoun. Le 18 décembre, soit une semaine après le drame, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, se rend à Alger pour d'abord réaffirmer la solidarité de la communauté internationale avec le peuple algérien et s'enquérir ensuite des dégâts causés au siège du Pnud et du HCR à Hydra. Les messages de soutien, dont le premier est venu de la France de Sarkozy, affluent pour signifier aux Algériens, qui ont combattu durant de longues années la violence islamiste, qu'ils ne sont plus désormais seuls dans la tourmente. Alger se sent, une fois de plus, conforté dans des choix politiques abandonnés au prix de la compromission avec l'islamisme. Le président Bouteflika qui avait ordonné en tant que chef suprême des armées d'intensifier la lutte contre le terrorisme à l'occasion de la fête de l'Indépendance a, lui-même, échappé à un attentat kamikaze le 6 septembre 2007, soit deux mois après un discours qualifié par les observateurs de la scène politique “d'éradicateur”. Mais, au-delà des insuffisances de la Charte, il y a lieu de relever cet acharnement du terrorisme international aujourd'hui incarné par le label d'Al-Qaïda de frapper l'Algérie. Si l'occupation de l'Irak par les Etats-Unis a réellement boosté le terrorisme islamiste dans le monde arabe, il est curieux de constater qu'aucun pays du Golfe, proche géographiquement de l'Irak, n'a été inquiété même s'il fallait reconnaître qu'en Algérie, la situation sécuritaire héritée de la légitimation politique de l'islamisme offre les conditions idoines permettant au “terrorisme résiduel” de se régénérer. L'Algérie, qui se remobilise sur le plan interne afin de faire face aux complots terroristes d'Al-Qaïda et de ses relais du GSPC qui se voit renforcé par les anciens du GIA malgré les coups de butoir assenés par les forces de l'ANP, semble minimiser l'apport d'une communication institutionnelle et diplomatique. Les partisans du “qui-tue-qui ?” et du pourrissement reprennent du poil de la bête à la commission des droits de l'homme de l'ONU à Genève et ce, depuis le retour, en 2006, de Louise Arbour, ancien procureur général du TPI pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, à la tête de cette instance internationale. Le vote d'une résolution contraignante contre les services de sécurité en octobre dernier par cette même commission a été le signe avant-coureur d'une campagne politico-médiatique contre l'Algérie. La diplomatie algérienne a-t-elle pris conscience que la situation allait connaître de sérieux développements ? Difficile de répondre à cette question tant les évènements sont allés crescendo, et le scandaleux sondage d'Al Jazeera sur le terrorisme en Algérie a été un test sur la réactivité des institutions algériennes qui ont peiné à riposter. Un capital “assurance” précaire En attendant, il faut bien admettre que le capital “assurance” engrangé par le pays est encore précaire. Les Anglais, qui ont déconseillé Alger à leurs ressortissants “en raison de menaces persistantes d'attentats”, ont été suivis par Washington qui a demandé aux Américains présents en Algérie de restreindre leurs déplacements dans la capitale. Et la boucle est bouclée avec la décision prise par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, d'envoyer une commission d'enquête indépendante sur l'attentat qui a ciblé le siège du HCR à Hydra. Au-delà du fait que ce dernier soit tombé dans la manipulation des lobbys anti-algériens au sein de l'organisation, et ce, en raison, entre autres, des positions algériennes sur le Sahara occidental, le lobby juif, l'Africom et la loi sur les hydrocarbures, il n'en reste pas moins que l'absence du lobbying diplomatique algérien, qui a pourtant démontré son efficacité au moment où le pays était sous embargo et alors que les partisans du “qui-tue-qui ?”, au summum de leur “puissance politique”, ne pouvaient pas faire voter une résolution anti-algérienne, a créé la faille où sont venus s'engouffrer tous ceux qui avaient un compte à régler avec l'Algérie et ceux qui espéraient pour une raison ou une autre accaparer en toute légalité ou légitimité les richesses du pays. On en est ainsi à ce stade. Même les ripostes se font discrètes, voire timides comme si les institutions se renvoyaient la balle au moment où l'Algérie en tant qu'Etat et peuple est la cible d'attaques multiformes. La lutte antiterroriste engagée sur le terrain a, elle aussi, besoin de relais politico-médiatiques pour réaffirmer la dimension républicaine de l'Etat algérien afin que les sacrifices consentis en quinze ans de combat contre l'intégrisme et l'extrémisme religieux ne soient pas vains. En attendant une visibilité politique, à une année de la présidentielle de 2009, il est tout à fait clair que 2008 sera l'année de la transition, des manœuvres et de la guerre des positions entre les partisans et opposants d'une révision de la Constitution et d'un troisième mandat du président Bouteflika. Mais la sombre parenthèse de l'histoire de l'Algérie doit forcément se refermer. La stabilité politique pour laquelle le pays a payé le prix fort est appelée à demeurer la ligne conductrice de toute stratégie de riposte ou de sortie de crise. Les enjeux ne sont pas seulement internes. Loin s'en faut. Allami Allami