L'Algérie sera très courtisée par la communauté financière internationale. En concluant un accord avec le Club de Paris pour un remboursement par anticipation de 7,9 milliards de dollars, elle va améliorer de façon nette sa situation déjà très positive au plan macroéconomique. Son stock de la dette va atteindre sans doute 4 à 5 milliards de dollars fin 2006. Il s'agit principalement de crédits acheteurs et de prêts d'aide au développement qui n'ont pas été touchés par les rééchelonnements de 1994 et 1995, a-t-on appris de source sûre. Le fonds monétaire international estime que le volume de la dette extérieure algérienne va baisser jusqu'à atteindre 4,5 milliards de dollars en fin d'année. De ce fait, le service de la dette, c'est-à-dire ce que paie annuellement l'Algérie à ses créanciers (principal et intérêts) va se réduire de moitié, estime un expert. De 4 à 5 milliards de dollars ces dernières années, il pourrait atteindre 1 à 2 milliards de dollars en 2007. La balance des paiements de l'Algérie continuera en 2006 à enregistrer des excédents record. Le solde du compte courant sera très positif. Un expert financier montre que suite à ces excédents, les réserves en devises du pays vont atteindre des sommets jamais atteints. En effet, avec la poursuite actuelle de la flambée des prix du pétrole, l'Algérie engrange 4 milliards de dollars par mois au titre de ses exportations. Ses importations de biens et services se chiffrent à 2 milliards de dollars par mois. À ce rythme, l'Algérie réalise un excédent de 2 milliards de dollars mensuellement. Même si on tient compte du paiement de son service de la dette et des 12 milliards de dollars au titre du remboursement par anticipation, les réserves de change continueront à être très importantes, entre 66 et 70 milliards de dollars fin 2006, soit de quoi couvrir trois ans d'importations, estime-t-on. En 2007, si le rythme actuel des exportations se poursuit, les réserves en devises du pays se maintiendront à des niveaux très élevés. Ils vont croître l'an prochain si les importations de biens et services se stabilisent. Ces surplus exceptionnels posent de nouveau la question de l'utilisation des réserves de change. L'Algérie dispose d'une chance exceptionnelle de pouvoir booster l'économie nationale grâce à ces énormes liquidités. Cet argent pourrait servir, à la suite de l'ex-chef du gouvernement, M. Ahmed Benbitour, non seulement à financer le plan de relance, mais également à supporter les coûts des réformes, ainsi que des transferts sociaux. Il s'agit aussi grâce à ces liquidités de financer les investissements productifs du secteur privé. En résumé, l'Algérie dispose d'une manne suffisante pour pouvoir mettre en œuvre rapidement ses réformes structurelles et en supporter les coûts, atteindre une plus grande efficacité, une plus grande compétitivité du secteur productif local en 2009-2010, améliorer les conditions de vie de sa population et diversifier son économie. Dans le cas contraire, elle aura gaspillé une chance unique de sortir de ses difficultés : mauvaise gouvernance, panne des réformes, répartition inégale de la richesse nationale, problèmes de gestion et de corruption. En attendant, des banques et des institutions financières internationales courtisent l'Algérie en raison de sa position de créditeur net, en termes simples pour l'importance de ses réserves de change et de ses substantielles liquidités. N. Ryad