En dépit de la crise financière survenue au deuxième semestre de l'année dernière, les réserves de changes de l'Algérie se maintiennent à un niveau élevé. Selon le dernier bulletin de conjoncture de la Banque d'Algérie repris hier par l'APS, le montant des réserves à fin 2008, s'établissaient à 143,10 milliards de dollars contre 110,18 milliards à la même période de l'année 2007, soit 33 milliards de dollars de plus. Ce chiffre représente, selon la même source, un taux de couverture des importations de près de trois ans (36 mois) contre trois ans et quatre mois (40 mois) en 2007. L'Algérie a donc les moyens financiers de couvrir ses importations pour les trois prochaines années même si les exportations composées essentiellement d'hydrocarbures poursuivent leur chute. L'autre élément positif de la note de conjoncture de la Banque d'Algérie est l'augmentation des crédits à l'économie et de l'épargne budgétaire. Les crédits à l'économie ont en effet augmenté de 17,84% en 2008 pour s'établir à 2 615,51 milliards de dinars dont la plus grande part a été allouée au secteur privé (52,14%). Au sujet des recettes budgétaires, leur montant a dépassé les prévisions de la loi de finances complémentaire (LFC) 2008 grâce notamment aux recettes fiscales des hydrocarbures et même hors hydrocarbures. Ces recettes ont atteint 5 110,7 milliards de dinars (contre 3 679,9 milliards de dinars en 2007) alors que la LFC 2008 prévoyait des recettes budgétaires de 2 763 milliards de dinars. L'excédent global du Trésor est resté appréciable en 2008 représentant 7,6% du PIB contre 4,9% en 2007. Ce renforcement de la capacité de financement du Trésor est matérialisé par l'accumulation d'importantes ressources dans le Fonds de régulation des recettes qui a atteint 4 280,1 milliards de dinars à fin 2008. L'encours global des dépôts du Trésor auprès de la Banque d'Algérie a atteint 4 359,8 milliards de dinars à fin 2008 contre 3 295,2 milliards de dinars à fin 2007. Ce qui confirme selon la Banque centrale, «la viabilité des finances publiques dans le contexte du choc externe en cours». Car, explique le document de la Banque «la capacité d'autofinancement immédiate couvre plus de deux ans de dépenses d'équipement au rythme de l'année 2008». L'autre élément qui permet à l'Algérie de faire face à la crise financière est l'excédent du compte capital et opérations financières. «C'est la première année où le compte capital et opérations financières réalise un solde positif qui contribue à la viabilité de la balance des paiements, sous l'effet d'une augmentation significative des IDE en 2008», ont relevé les rédacteurs de la note de conjoncture pour le deuxième semestre de l'année 2008. Et de préciser : «Ce phénomène nouveau d'excédent du compte capital et opérations financières représente une performance particulière qui permet à l'Algérie de faire face au «choc externe» de grande ampleur inhérent à la situation de très forte contraction des financements extérieurs pour les pays émergents et de durcissement de leurs conditions», a noté la BA. Et ce tout en rappelant que ce solde positif est le résultat de la stratégie de désendettement extérieur conduite entre 2004 et 2006. Au sujet de la dette extérieure à moyen et long terme, l'encours a encore reculé à la fin 2008 pour atteindre 4,282 milliards de dollars contre 4,889 milliards de dollars à fin 2007. 2,31 milliards d'IDE en 2008 Le montant des investissements directs étrangers nets engagés en Algérie a enregistré une hausse en 2008 pour s'établir à 2,31 milliards de dollars. Ce chiffre indique le montant des investissements directs étrangers (IDE) nets effectivement mobilisés dans le pays. Durant l'année 2008, les IDE nets réellement engagés ont été de 590 millions de dollars au cours du 1er trimestre, de 480 millions de dollars au 2e trimestre, de 240 millions de dollars au 3e trimestre et de 1 milliard de dollars au 4e trimestre. En termes de montant des IDE, l'année 2008 a ainsi enregistré une nette hausse par rapport à celle de 2007 durant laquelle les IDE nets s'étaient chiffrés à 1,37 milliard de dollars. Les banques invitées à améliorer la gestion des risques Relevant le caractère structurel de l'excès de liquidité sur le marché monétaire avec un encours de liquidité bancaire de 2 597,8 milliards de dinars à fin décembre 2008 contre 2.001,2 milliards de dinars à fin 2007, la Banque d'Algérie invite les banques à améliorer la gestion du risque de liquidité. «Le rôle de la politique monétaire dans la régulation du marché monétaire doit être accompagné par un progrès de la part des banques quant à la gestion du risque de liquidité, sachant que la persistance du contexte d'excès de liquidité en Algérie contraste avec l'acuité de la crise de liquidité qui a été la première manifestation de la crise financière internationale dès 2007», indique la BA. Laquelle plaide par ailleurs pour l'amélioration de l'évaluation et la gestion et la maîtrise des risques de crédits. Et ce «vu l'acuité de cette question au niveau international», allusion faite au contexte actuel de crise financière. Cela est nécessaire, selon la BM, pour une «contribution effective des banques à l'amélioration de l'allocation des ressources financières dans l'économie nationale, ancrée sur un renforcement des fonds propres des banques», explique le document de la BA. S. I.