L'ambassadeur de la République populaire de Chine à Alger évoque, dans ce bref entretien, les répercussions de la pneumonie atypique sur son pays. Et sur le nôtre. Liberté : Quels sont, Excellence, les derniers développements de la pneumonie atypique dans votre pays ? S. E. Wang Wang Cheng : Les commentaires sur l'expansion de cette maladie dans le monde sont à mon avis exagérés. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la pneumopathie a touché jusqu'à présent 28 pays, la région la plus touchée étant bien entendu l'Asie. Cette maladie est apparue brutalement, d'où l'inefficacité des traitements actuels sur les 4 600 cas recensés jusqu'à la mi-avril. Dès le début, nous avons été surpris de découvrir près de 1 600 cas en Chine (l'épidémie se serait propagée depuis Canton, une des villes chinoise les plus modernes, les plus industrielles, située au sud du continent, mais l'ambassadeur soutient qu'elle est venue de l'extérieur, ndlr). Depuis, le nombre a doublé. Mais grâce aux analystes médicaux, nous avons pu comprendre la cause de la maladie. Dans les provinces touchées (le pays est divisé en provinces et régions autonomes, ndlr), nous parvenons déjà à contrôler la pneumopathie à l'aide de plantes médicinales. Les répercussions de la maladie sur la Chine doivent évidemment être négatives… Oui. D'abord, la priorité pour notre gouvernement, c'est la santé du peuple chinois. Selon des rapports de certaines organisations économiques internationales, le taux de croissance de la Chine va baisser cette année de 0,5%. Il est de tradition que les travailleurs chinois, contrairement aux autres, se reposent sept jours au début du mois de mai. Et durant ces sept jours, on les encourage à voyager avec leurs familles. A cause de la pneumonie atypique, tout cela est annulé. De plus, la désinfection quotidienne et régulière des lieux publics, qui suppose des effectifs et des moyens logistiques, a ses effets négatifs sur notre économie. Cela dit, nous avons pris nos précautions afin d'assurer un équilibre entre les cours de prévention de la maladie et le développement de l'économie. D'un autre côté, la pneumopathie est une occasion pour nous de “performer” davantage nos institutions sanitaires, de renforcer les systèmes de défense. Le territoire étant vaste (plus de neuf millions de kilomètres carrés), chaque province et chaque région a son propre système, y compris l'armée d'ailleurs. Dans le domaine de la coopération, cela est aussi un défi pour la Chine et ses partenaires asiatiques. Les ressortissants chinois à destination de l'Algérie sont-ils soumis à un contrôle sanitaire aux frontières ? Les contrôles sont-ils renforcés après l'apparition de cette maladie ? Ils sont bien sûr contrôlés. Nous attachons de l'importance à la sécurité de nos ressortissants en Algérie. Ceux qui travaillent ici effectuent des mouvements dans les deux sens ; nous avons noté que les autorités algériennes ont aussi renforcé leurs contrôles aux frontières. Il y va de la sécurité des Algériens, mais des Chinois également. Nous avons demandé à nos compatriotes de respecter les règles algériennes en la matière et de coopérer. Récemment, nous avons regroupé les médecins de mon pays présents ici avec leurs homologues algériens dans le but d'effectuer des visites dans les terrains de construction. Il faut noter d'ailleurs que les contrôles ne visent pas uniquement les ressortissants chinois. Quels sont les secteurs d'activité où vos ressortissants exercent-ils le plus ? ll Principalement dans les secteurs du bâtiment, de l'eau, des hydrocarbures et des télécommunications. Les médecins chinois sont répartis à travers 8 wilayas. Ces ressortissants occupent des espaces isolés, sécurisés par la police, non pas à cause de la pneumonie atypique mais de la situation sécuritaire en Algérie. Nous remarquons depuis quelques mois la présence de ressortissants asiatiques dans les rues d'Alger. Y a-t-il parmi eux des Chinois ? Ces personnes ont quitté la Chine il y a longtemps. Ils ont donc séjourné ailleurs avant de venir ici. Ils transitent par Paris, et nous pouvons faire confiance aux autorités françaises. La Chine n'est pas synonyme de pneumonie atypique. Nous sommes contents que l'Algérie garde le sang-froid face à cette maladie. L. B.