Six hommes ont mitraillé à l'arme automatique, hier à 2h, la représentation diplomatique israélienne en Mauritanie, située dans une petite rue, près d'un restaurant-discothèque dans le quartier résidentiel de Tevregh Zeïna, faisant cinq blessés. Selon les témoignages, un groupe de six hommes portant des boubous et enturbannés sont “descendus d'un véhicule, se sont dirigés à pied vers un restaurant à proximité de l'ambassade”, ensuite, ils ont crié à haute voix en arabe “Allah Akbar !” et ont tiré sur l'ambassade israélienne. Les témoins ajoutent que les gardiens de l'ambassade, des militaires mauritaniens, ont immédiatement riposté obligeant les assaillants à se retirer rapidement. L'information a été officiellement confirmée par l'ambassadeur israélien Boaz Bismuth, lequel qualifiant l'attaque d'“acte de terrorisme” a déclaré : “Je confirme que des tirs ont visé notre ambassade à partir de la rue. Je confirme qu'il n'y a aucun blessé ni parmi le personnel de l'ambassade ni parmi les Mauritaniens.” Il a indiqué que l'ambassade était vide lors de l'attaque. Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Aryeh Mekel a affirmé : “C'est un acte évident de terrorisme qui s'inscrit dans la longue série des attentats qui ont visé nos représentations diplomatiques à l'étranger depuis plusieurs années.” Il a ajouté que son département avait dépêché à Nouakchott “des spécialistes de la sécurité” en vue d'examiner la protection de l'ambassade après cette attaque. L'ambassade est située dans une petite rue, près d'un restaurant-discothèque, le VIP, dans le quartier résidentiel de Tevregh Zeïna à Nouakchott. L'armée mauritanienne a bouclé le secteur depuis l'attaque. Il y a lieu de relever que cette attaque, qui intervient quelques semaines après l'assassinat de quatre touristes français, coïncide avec les nombreux appels internes appelant la Mauritanie à rompre ses relations diplomatiques avec Israël. La Mauritanie est l'un des rares pays membres de la Ligue arabe à entretenir des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. Pour rappel, ses rapports avaient été établis en 1999 sous le régime du président Maaouiya Ould Taya, renversé en 2005 par un coup d'Etat militaire. Dimanche dernier, le président de l'Assemblée nationale de Mauritanie avait appelé à “reconsidérer ” des relations qu'il a qualifiées de “honteuses” avec l'Etat hébreu, accentuant ainsi la pression sur les autorités. C'était la première fois qu'un haut responsable mauritanien, à ce niveau du pouvoir, demandait officiellement de “reconsidérer” ces relations diplomatiques. Le président de l'Assemblée, Messaoud Ould Boulkheir, est le numéro trois de l'Etat mauritanien après le chef de l'Etat et le président du Sénat. Les appels en faveur d'une rupture de ces liens se sont multipliés récemment en raison du blocus israélien de la bande de Gaza. Il ne fait aucun doute que cette attaque n'est pas un acte isolé comme veut le faire croire Israël, mais le fruit d'un sentiment anti-israélien croissant dans ce pays, dont le peuple est profondément attaché à la cause palestinienne. K. ABDELKAMEL