Le bâtonnat d'Alger continue de se morfondre dans une crise de plus en plus forte. Ce qui s'est passé jeudi dernier avec le report des élections pour le renouvellement du conseil de l'ordre des avocats d'Alger en est la meilleure preuve. Du côté de la commission d'organisation et de surveillance de ces élections, présidée par Me Benbouali, on explique ce report par “un décalage entre les noms des candidats et les numéros qui leur ont été attribués”. À ce “constat”, plusieurs avocats, surtout ceux qui se sont retirés en cours de semaine, rétorquent qu'il s'agit plutôt d'une “tentative de fraude”. Mais est-ce vraiment la seule raison de ce report ? Même si elle est “valable”, et même si elle dénote, encore une fois, le bricolage dans lequel ces élections ont été préparées, on ne peut pas écarter que c'est dû aussi aux pressions incessantes de plusieurs candidats. Ces derniers auraient même préparé un “plan d'attaque” pour empêcher le déroulement des élections. Nos sources indiquent que c'est aussi l'une des principales raisons de la décision de la commission pour éviter tout dérapage. C'est dire l'ambiance “exécrable”, comme nous l'avait décrite un avocat, dans laquelle “baignent” les avocats d'Alger depuis plusieurs jours. Avant, pendant et après le premier tour qui s'est déroulé le 24 janvier dernier, les attaques fusaient de partout entre le bâtonnier sortant, Me Sellini, et ses adversaires. On s'attendait à n'importe quel moment à un “clash”. Toutefois, et malgré toutes les initiatives des anti-Sellini, on se dirigeait vers une reconduction presque entière du conseil sortant. Les résultats du premier tour ont confirmé la tendance pro-bâtonnier sortant. Me Sellini, qui a déjà effectué deux mandats successifs de bâtonnier d'Alger, et Me Khiar, avaient déjà assuré leur place en atteignant le quorum. Il reste donc 29 sièges en jeu sur un total de 31. Les retraits de plusieurs candidats, la semaine dernière, ne semblaient pas faire dérailler la “machine de guerre” électorale. La meilleure illustration a été la validation, mardi dernier, par la commission électorale, des résultats sans tenir compte des recours de plusieurs candidats. Une “marche en avant” que rien ne semblait ébranler jusqu'à mercredi soir quand a été prise la décision de reporter les élections à cause d'un problème d'impression. Une annonce tardive qui a vu donc le déplacement par dizaines et même par centaines d'avocats, jeudi dernier, à la cour d'Alger dans l'intention de voter et constater ainsi avec amertume le non-déroulement des élections (lors du premier tour, environ 2 500 avocats avaient participé au scrutin). Toutefois, ce que la commission n'a pas mentionné (et qui montre aussi l'à-peu-près des organisateurs), c'est que le même jour qu'était organisé le second tour des élections et sur les même lieux (le nouveau siège de la cour d'Alger), se déroulaient les prestations de serment des membres de la police judiciaire. Du coup, le report était inéluctable. Aussi, ce qui vient de se passer ne peut que nous faire rappeler ce qui s'est passé en 2005 lors des dernières élections. Elles avaient été annulées après que les candidats eurent protesté pour “faux et usage de faux” et ont dû être réorganisées. Avec carrément les mêmes protagonistes, on se retrouve dans une autre situation “brouhahesque” qui démon-tre encore plus l'urgence d'une “révolution” chez les robes noires. Ce répit d'une semaine est une autre occasion pour tout le monde de sauver la face et de mettre les bases d'une refondation de la profession. Salim KOUDIL