Le président français pensait ficeler son projet en juillet 2008, la veille de sa présidence de l'Union européenne qu'il veut éclatante. Mais, apparemment, il lui reste, non seulement à convaincre les pays qui devraient faire partie de ce vaste ensemble dans la Méditerranée, mais aussi ses partenaires de Bruxelles. Son secrétaire d'Etat aux Affaires européennes vient de confier que le projet lui semble “mal engagé”. Jean-Pierre Jouyet, qui s'est confié à un quotidien parisien sarkoziste, s'inquiète des réactions négatives suscitées en Europe. De fait, l'initiative de Sarkozy, annoncée en grande pompe en juin 2007, est mal vue à Berlin. Et l'Allemagne n'est pas négligeable au sein de l'UE. Mme Angela Merkel craint que le projet de son voisin n'entre en concurrence avec d'autres projets similaires de coopération entre l'UE et les pays du Sud, dont l'Algérie. Par ailleurs, la chancelière refuse que les pays du nord de l'Europe, ne possédant pas de côte méditerranéenne, soient mis à l'écart. Sans compter que l'Allemagne ne digère pas les initiatives qui l'engagent prises sans concertation. C'est le fondement même du couple germano français. Or, et c'est le secrétaire d'Etat de Sarkozy qui l'avoue, Paris a tendance “à faire des annonces le matin et vouloir les réaliser le soir”. “Il ne faudrait pas qu'on se mette à construire un projet à côté ou en dehors de l'UE, ce qui constituerait un très grave point d'achoppement. Nous devons veiller à ne prendre aucune décision stratégique dans ce domaine sans que tous nos partenaires soient associés”, a-t-il expliqué. Le président français souhaite fondre dans son Union méditerranéenne le processus de Barcelone, lancé en 1995, et la politique de voisinage, pilotée par la Commission européenne et visant à construire un partenariat entre l'UE et ses voisins méditerranéens. Sarkozy a même démarché son chantier en Algérie, en Tunisie, au Maroc, en Libye et en Egypte. L'accueil a été plutôt poli. Sur les rives sud européennes, il a obtenu l'acquiescement de la Grèce, de l'Espagne et de l'Italie. Dans ces deux derniers pays, rien n'est sûr puisque des élections vont avoir lieu, et si Prodi a jeté l'éponge, Zapatero doit compter avec la remontée de la droite. Alors, la France reverra-t-elle sa copie pour ne pas rater le rendez-vous qui sera organisé sur la Méditerranée, les 13 et 14 juillet à Paris ? D. B.