Un lot de 220 pièces de monnaie frappées à l'époque romaine, d'un lingot en or de 14 carats ainsi que 6 pièces de poterie et des bijoux datant vraisemblablement de la même époque ont été récupérés à l'issue de l'opération. Pas moins de 600 hommes, entre gendarmes et policiers, ont mené jeudi dernier une opération d'envergure de lutte contre la criminalité à Batna. Les responsables des deux corps s'étaient réunis avec leurs principaux collaborateurs pour un rapide débriefing de ces derniers dans la salle de conférences du groupement de gendarmerie. Le lieutenant-colonel Lalmas, qui était chargé de la coordination, avait rapidement rappelé les grandes lignes de l'opération et désigné les zones ciblées ainsi que les moyens matériels dégagés en la circonstance. Batna étant une ville tentaculaire, le plan de l'opération prévoyait d'en diviser le territoire en 9 zones d'action distinctes et de doter chaque groupe opérationnel d'une brigade cynophile pour faciliter les éventuelles fouilles sur les personnes et les bagages. L'officier de gendarmerie, qui a eu à diriger deux actions similaires en 2007, donnait l'impression de savoir parfaitement ce qu'il faisait, il insista particulièrement sur la ponctualité et la synchronisation des interventions pour assurer leur efficacité. Certain que son énoncé avait été bien compris de tous, il avait alors invité policiers et gendarmes à monter à bord de la centaine de véhicules et de commencer le travail sans plus tarder. L'opération coup-de-poing “Batna 1” était donc engagé et le poste de commandement qui avait élu domicile au niveau du siège du groupement de gendarmerie n'avait plus qu'à en attendre les résultats. Pour sa part le lieutenant-colonel Lalmas avait à traiter une affaire de trafic d'objets archéologiques que ses hommes avaient mis au jour, la veille seulement, au niveau de la commune de Oued Tagua, située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Batna. Une affaire qui concerne, selon les premiers éléments de l'enquête, un lot de 220 pièces de monnaie frappées à l'époque romaine, d'un lingot en or de 14 carats ainsi que 6 pièces de poterie et des bijoux datant vraisemblablement de la même époque. Un butin qu'un groupe composé de 3 personnes résidant dans ladite commune s'apprêtait à écouler. Selon l'officier de gendarmerie chargé de l'enquête, cette saisie opérée en partie chez l'une des personnes interpellées, il s'agit là d'une affaire de trafic international dans laquelle des dizaines de milliers d'euros sont engagés. “Nous avons eu à traiter nombre de crimes du même genre par le passé. Les trafiquants sont légion dans cette wilaya du fait de la proximité des sites archéologiques de Timgad, de Zana, d'Imedghacène et de Tazoult. Les pilleurs ont leur relais en différentes parties du pays et même à l'étranger”, affirme cet officier avant de regretter : “Ces trésors antiques sont déterrés méthodiquement par certains, lorsqu'ils ne sont pas extraits naturellement suite à des chutes de pluie importantes comme cela a été le cas il y a quelques années. Des connaisseurs encouragent les actions de déprédation en instituant un négoce informel. Nous faisons de notre mieux en ce qui nous concerne pour contrecarrer leurs funestes projets, mais cela n'est pas toujours évident.” Nous étions à ces entrefaites lorsque le commandant du PC est informé que l'une des brigades mixtes engagées sur le terrain a découvert un entrepôt clandestin de boissons fruitées frelatées dans le quartier de Oued Chaâba. Sur les lieux, les gendarmes et policiers étaient affairés à dénombrer les caisses de jus impropre à la consommation mais qui est écoulé sans état d'âme, sous label contrefait, au niveau des quartiers populaires. On nous exhibe les sacs de produits chimiques prohibés qui sont utilisés par les marchands de la mort pour fabriquer illicitement lesdites boissons en indiquant que plus d'une dizaine de fabriques clandestines de ce type ont été découvertes en l'espace d'une année. Les pseudo-limonadiers sont systématiquement traduits devant la justice et leurs ateliers scellés aussitôt, mais ceci ne suffit pas pour décourager les contrevenants lesquels sont par ailleurs nombreux à activer dans d'autres créneaux de la consommation comme nous avons pu nous en rendre compte quelques heures après. Les commerces clandestins foisonnent, en effet, à Batna-ville. Rien que durant cette sortie spectaculaire les policiers et les gendarmes ont réussi à confondre le propriétaire d'un atelier de préparation sans autorisation et surtout dans des conditions d'hygiène abominables de fabrication de pâtisserie (pâtisserie destinée exclusivement aux cités universitaires du campus de Batna !) et pas moins de 22 locaux commerciaux informels dont 9 étaient des débits de boissons alcoolisées. Les actions de contrôle d'identité, qui ont été effectuées sur 542 personnes dans les quartiers chauds de la ville, à Bouakeul, en particulier, ont permis la saisie d'une quantité de 320 g de kif traité et de 64 flacons de psychotropes ainsi que d'un pistolet artisanal (type “mahchouha”) et d'un nombre impressionnant d'armes blanches, des couteaux et des sabres. Le commandant Lalmas prévient quand même que la gendarmerie ne baissera jamais les bras et qu'elle sera présente de plus en plus sur le terrain, en couvrant effectivement l'ensemble des 61 communes de la wilaya de Batna avant décembre 2009, d'une part, et en continuant à collaborer étroitement avec les services de la Sûreté nationale, dont acte. A. ALLIA