Le ministère britannique de l'Intérieur, The Home Office, a rejeté hier une demande de délivrance de visa d'entrée au Royaume-Uni à Youssouf Al-Qaradaoui. Le prédicateur qatari devait se rendre en Grande-Bretagne pour des soins et la tenue d'une conférence. Selon un porte-parole du département de Jacquie Smith, Al-Qaradaoui n'est pas le bienvenu car “la Grande-Bretagne ne tolérera pas la présence de ceux qui cherchent à justifier tout acte de violence terroriste ou qui expriment des points de vue qui pourraient déclencher des violences intercommunautaires”. À la fin du mois de janvier, l'information concernant la visite du mufti d'Al-Azhar avait donné lieu à une vive polémique entre le Premier Ministre Gordon Brown et le chef de l'opposition conservatrice David Cameron. Ce dernier avait accusé le gouvernement d'accueillir sur le territoire britannique un personnage extrémiste, partisan des terroristes, homophobe et misogyne. Il lui avait expressément demandé d'interdire au “prêcheur de la haine” de venir sur le territoire britannique. Une vingtaine de parlementaires ont signé une mention faisant part de leur grave inquiétude vis-à-vis de l'octroi du visa au mufti. Le locataire du 10 Downing Street avait dû s'expliquer devant la Chambre des Communes en affirmant, dans un premier temps, qu'Al-Qaradaoui ne constituait guère une menace, avant de se rétracter ce vendredi. Il y a une année, la venue de l'ouléma avait provoqué des manifestations hostiles de Juifs et d'homosexuels. Il est à noter qu'il est interdit d'entrée aux Etats-Unis depuis 1999. En Algérie, Al-Qaradaoui est connu pour avoir édicté des fetwas condamnant les actions des groupes terroristes. La controverse autour de son séjour en Grande-Bretagne intervient en prélude à la campagne pour les élections parlementaires prévues dans les prochains mois. Le Premier Ministre et son gouvernement sont régulièrement attaqués par la droite pour leur indulgence prétendue à l'égard des islamistes. Comme pour Al-Qaradaoui, M. Cameron a accusé M. Brown de tolérer Hizb Etahrir, un parti qualifié de radical. Jeudi dernier, l'archevêque de Canterbury a déclenché l'ire de la classe politique en affirmant que certaines lois de la charia, comme les dispositions régissant le mariage et le divorce, doivent être appliquées au Royaume-Uni. Le gouvernement, par la voix de son porte-parole, a répliqué immédiatement en précisant que les lois inspirées des valeurs britanniques uniquement sont applicables. Il y a trois mois, un conseil du culte musulman, sur le modèle français a été installé. Sa création vise à instaurer un cadre de réflexion pour les musulmans de Grande-Bretagne (environ deux millions), à contrôler les activités dans les mosquées et à neutraliser les groupes extrémistes. Ce conseil a condamné hier le refus de délivrance de visa à Al-Qaradaoui. S. L.-K.