Depuis le 6 septembre dernier, jour de l'attentat avorté contre le président de la République, la donne sécuritaire a complètement chamboulé le quotidien des Batnéens. Que ce soit pour prendre la route, aller faire son marché, suivre ses études ou faire des commissions, le risque sécurité est calculé. Ce que les uns qualifient de fatalisme est considéré par les autres comme de la vigilance. La dernière alerte du genre a été donnée mardi dernier. Les usagers de la RN3 ont remarqué un important déploiement des forces de sécurité le long d'une partie de cet important axe. Lors d'une action, qui a duré presque toute la journée, tous les camions venant ou entrant vers la cimenterie d'Aïn Touta, dans la commune de Tilato, furent minutieusement inspectés. Pour les besoins, plusieurs barrages fixes ont été installés sur toutes les routes qui mènent vers l'usine. En parallèle, une intense couverture aérienne du site était assurée par des hélicoptères. Selon nos sources, cette opération a été déclenchée à la suite d'une information annonçant un attentat que les terroristes projetaient de perpétrer à l'aide d'un camion chargé d'explosifs dissimulés sous des sacs de ciment. Ce ne fut qu'une fausse alerte. Ce ne fut pas le cas, la veille, soit lundi, quand les éléments de l'ANP tuèrent trois terroristes dans la région de Thazemourth, commune de Chir, daïra de Theniet El Abed, au sud de la wilaya de Batna. Une embuscade a été tendue à un groupe terroriste à la sortie sud de la commune après le signalement d'un véhicule suspect chargé de ravitaillement. Arrivant sur les lieux de la rencontre avec les destinataires de la marchandise, tous feux éteints, le conducteur du véhicule fut reçu par trois terroristes, venus au lieu de la rencontre à dos d'âne. S'ensuivit un accrochage avec les militaires qui se solda par l'élimination des trois terroristes. Le conducteur du véhicule, lui, sera arrêté. Quarante-huit heures avant, soit samedi matin, les services de sécurité encerclèrent le palais de justice, bloquant toutes les issues, ainsi que celles qui conduisent vers la porte d'entrée de l'université Hadj-Lakhdar. L'opération a été déclenchée à la suite d'informations faisant état de l'infiltration d'un terroriste dans l'enceinte judiciaire pour y perpétrer un attentat. Après avoir évacué les lieux de leurs occupants, dont l'identité de chacun sera vérifiée, on annoncera qu'il s'agissait d'une fausse alerte. La veille, soit vendredi, une première alerte a été donnée au niveau de la cité universitaire des filles Hadj-Lakhdar. Les étudiantes furent réveillées, en pleine nuit, par une voix amplifiée par des haut-parleurs les invitant à quitter leurs chambres. Les forces de sécurité, après avoir encerclé les lieux, entamèrent une inspection de tout le site sous le regard affolé des étudiantes. On était à la recherche d'un terroriste kamikaze, qui serait une femme. Le lendemain de l'incident, la plupart des résidentes de la cité sont rentrées chez elles avec comme souvenir une nuit de suspense à la Hitchcock. Une journée avant, toute la ville ne parlait que de la méga-opération menée par la gendarmerie et la police mais que la rumeur a fini par déformer. En effet, vingt-quatre heures avant, six cents gendarmes et policiers ont été déployés à travers la ville de Batna dans le cadre des actions combinées que mènent les services de sécurité dans le cadre de la lutte contre la criminalité et la délinquance. La rumeur a vite fait de parler d'une opération de recherche de cinquante terroristes, originaires de la région, qui se seraient disséminés dans la ville. Les récits des journalistes ayant couvert l'opération finiront par apaiser les esprits. Avec le temps, les citoyens se demandent sur les réelles motivations de ces alertes. À force de devenir répétitives, elles risquent de démobiliser la vigilance des usagers des lieux publics. Justement, nos sources rappellent leurs conseils à la prudence. “Ce ne sont pas de simples fausses alertes, mais des actions psychologiques menées par les réseaux de soutien aux groupes terroristes afin de venir à bout des nerfs des uns et des autres”, nous explique-t-on. H. Tiziri