Le Dr Yousfi appelle le ministre de la Santé à “intervenir pour retirer la copie du statut particulier envoyée à la Fonction publique”. “Sinon, prévient-il, nous avons les moyens de réagir.” Le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, le Dr M. Mohamed Yousfi, est sorti à nouveau, hier, de sa réserve pour fustiger ce qu'il a appelé “le mépris affiché par le ministère de la Santé” à l'égard de la corporation des médecins spécialistes du secteur public. Lors de la conférence de presse qu'il a animée hier à la Résidence familiale, à Hussein-Dey, il a affirmé que “les engagements” pris à plusieurs reprises par le ministre de la Santé “n'ont pas été respectés”, s'interrogeant, au passage, sur les raisons d'une telle attitude vis-à-vis de son organisation qui représente quelque 6 000 médecins spécialistes de la santé publique exerçant dans 200 hôpitaux, 13 centres hospitalo-universitaires (CHU) et 32 établissements hospitaliers spécialisés (EHS). “Tout le monde parle de dialogue. Pourtant, c'est à travers vous (la presse, ndlr) qu'on s'adresse au ministre de la Santé. S'il y avait réellement dialogue, on n'en serait pas là”, ironise-t-il, précisant que le syndicat a déposé plusieurs demandes d'audience au cabinet du ministre, mais qui sont restées sans réponse. Le Dr Yousfi insiste, en effet, pour dire que les médecins spécialistes “sont marginalisés”. Entre autres raisons de la colère du syndicat le sort réservé par le ministère de la Santé au document portant sur le statut particulier des médecins spécialistes. “Le statut a été le fruit d'un travail consensuel d'une année effectuée par la commission mixte. Celle-ci devait se réunir une dernière fois pour procéder à la signature par les deux parties du texte avant sa transmission à la Direction générale de la Fonction publique (DGFP)”, nous apprend l'orateur qui explique, ensuite, que le département ministériel a adressé à la DGFP un tout autre texte “expurgé de la moitié des articles et comportant même des anomalies et des erreurs qui portent atteinte à l'intégrité du ministère”. Selon lui, “on nous propose une progression qui fait fuir les gens au lieu de les inciter à rester”, constate-t-il, dénonçant “une classification absurde”. Le Dr Yousfi se demande, par ailleurs, si le ministre est au courant d'une telle situation. “On ne le sait pas. Pour s'adresser à lui, on le fait par le biais de la presse”, déplore-t-il, tirant à boulets rouges sur les proches collaborateurs du ministre à qui l'on reproche de développer “un complexe” vis-à-vis de la corporation. Certains sont même qualifiés d'“incompétents” par le président du syndicat qui met en relief “une volonté délibérée de nuire à la santé publique”. Le Dr Yousfi relève, également, qu'il y a “urgence” et appelle le ministre à “intervenir pour retirer la copie du statut particulier envoyée à la Fonction publique”. “Sinon, prévient-il, nous avons les moyens de réagir.” Le président du SNPSP réclame, par ailleurs, l'application de l'accord signé avec le ministère en 2004 et portant sur l'organisation du concours relatif à l'évolution de la carrière de cette catégorie de médecins. “Lors de notre entrevue le 24 décembre 2006, le ministre s'était engagé personnellement à régler la question au niveau du gouvernement”, note-t-il. Toujours dans le registre des revendications propres aux médecins spécialistes, le Dr Yousfi réclame l'application de la prime d'intéressement pour les trois grades de la catégorie professionnelle, tout comme il dénonce l'absence de locaux décents pour le syndicat, que ce soit à Alger ou dans les wilayas de l'intérieur du pays. Le SNPSP ne veut pas pour autant baisser les bras et compte, selon son président, “lutter de toutes ses forces pour la sauvegarde du système national de santé”. En tout cas, met-il en garde, “il n'y aura jamais de réforme de la santé s'il n'y a pas de prise en charge de nos doléances”. Hamid Saïdani