L'Algérie n'a jamais eu de politique nationale de santé. S'il y avait cela, le changement d'un ministre n'aurait jamais posé problème. La santé est malade et les ministres qui se sont succédé à sa tête n'ont pas trouvé de remède », a déploré, hier, le docteur Yousfi, président du conseil national du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), qui regrette l'instabilité qui règne dans le secteur de la santé. Lors d'une conférence de presse animée hier au siège du syndicat, le Dr Yousfi est revenu sur un ensemble de points touchant le praticien spécialiste, d'une part, et le fonctionnaire algérien d'une manière générale, d'autre part. Tout en se réjouissant des nouvelles augmentations ayant touché certains corps, le conférencier demande à ce que les salaires de toutes les élites du pays soit revus à la hausse et ce, sans aucune discrimination. « Nous voulons, en outre, que nos salaires se rapprochent de ceux de nos voisins, notamment la Tunisie et le Maroc. Le fossé est encore profond », a plaidé le Dr Yousfi qui soutient que les salaires doivent être indexés sur la réalité des prix. « Nous demandons l'amélioration du pouvoir d'achat et nous refusons l'idée de deux Algérie : celle des privilégiés et l'autre où le savoir est mis de côté », a déclaré l'orateur qui n'écarte pas, en revanche, l'éventualité d'aller vers une action de protestation dans les prochains jours. Affilié à la coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, le SNPSSP est engagé pleinement dans la lutte et le combat pour l'amélioration des conditions de travail des fonctionnaires et la révision de la grille des salaires et le point indiciaire. Le Dr Yousfi a réaffirmé l'entière adhésion du SNPSSP à cette coordination et à la ligne qu'elle défend. Dans ce sens, une réunion de cette organisation est prévue pour la semaine prochaine afin d'arrêter les modalités des actions ayant trait aux journées de contestation. Le porte-parole du SNPSSP a décortiqué les dossiers traités lors de la réunion, en session ordinaire, du conseil national, en mettant l'accent sur les questions en suspens et qui poussent les praticiens à occuper le terrain de la protestation. Le syndicat interpelle au préalable le ministre de la Santé et le chef du gouvernement sur la non-application de la loi en matière d'octroi de logements aux spécialistes, notamment ceux affectés à l'intérieur du pays. « Des instructions ont été données par le chef du gouvernement pour l'octroi de logements aux praticiens, mais jusqu'à l'heure, certains walis font l'impasse sur ses décisions », a dénoncé le Dr Yousfi. Evoquant le statut particulier du praticien spécialiste, le conférencier a rappelé que le projet en question a été finalisé par la commission mixte ministère de la Santé-SNPSSP et a été envoyé à la Fonction publique. Toutefois, il déplore la lenteur accusée dans le traitement de ce dossier. Il a ajouté, dans ce contexte – une manière de prendre à témoin l'opinion publique – que le ministre de la Santé s'est engagé, lors d'une rencontre récente avec le syndicat, à faire en sorte que ce statut soit promulgué le plus tôt possible. Outre le statut, M. Yousfi a indiqué que la réunion du conseil national a eu à débattre de la situation organique du syndicat, fort aujourd'hui de « 7000 praticiens répartis sur 40 wilayas du pays, ainsi que des concours de progression de carrière, qui, a-t-il soutenu, n'ont pu se tenir alors qu'ils étaient programmés en 2004, le nouveau statut n'ayant pas encore été promulgué ». « Plusieurs milliers de spécialistes sont concernés par ces concours, qui sont importants dans la consolidation des carrières des praticiens », a-t-il affirmé. S'agissant du régime indemnitaire, le Dr Yousfi a regretté la non-prise en charge de la mise en conformité de ce régime avec le statut particulier d'octobre 2002, notamment la prime d'intéressement qui doit être, a-t-il dit, en adéquation avec les trois grades de spécialistes et non pas un seul comme c'est le cas présentement. Il a également appelé à mettre de l'ordre au niveau des cliniques privées. « Nous ne sommes pas contre l'activité complémentaire, à condition qu'il y ait un statut la régissant. Des anomalies graves sont constatées avec mort d'homme, dont certains cas sont carrément étouffées. La situation est chaotique et il est temps d'y remédier », a revendiqué l'orateur.