Il y a urgence que le ministre intervienne pour retirer cette copie avant qu'il ne soit trop tard. Le Syndicat des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) dénonce l'absence de dialogue avec le ministère de la Santé. «Plusieurs demandes d'audience ont été faites pour rencontrer le ministre de la Santé, en vain», a déploré, hier, le président du syndicat, le Dr Mohamed Yousfi, lors d'une conférence de presse. «C'est un mépris vis-à- vis des praticiens spécialistes qui forment l'élite du pays», soutient-il. Il ajoute que le syndicat s'est pourtant engagé lors de sa dernière entrevue du 9 août 2007 avec le ministre à accompagner les réformes du secteur, parallèlement à la prise en charge des doléances des professionnels de la santé, en particulier les spécialistes. Le Dr Yousfi ne comprend pas pourquoi les autres départements négocient avec leurs partenaires sociaux, citant l'exemple de l'enseignement supérieur, tandis que le ministre Amar Tou refuse de recevoir ceux de son département. Certes, précise le conférencier, le syndicat, qui représente plus de 6000 spécialistes à l'échelle nationale, a rencontré les responsables du ministère, mais ces derniers n'ont pas le pouvoir de décision. «C'est déplorable de saisir la presse pour interpeller le ministre à respecter ses engagements concernant nos revendications», regrette le Dr Yousfi. Le syndicat rejette, en effet, le statut particulier de la corporation dans le fond et dans la forme. Il explique qu'en juillet 2007, le chef du gouvernement avait instruit les différents ministères de préparer les statuts particuliers avec les partenaires sociaux. Le Snpssp a commencé l'élaboration de ce projet avec la commission mixte syndicat-ministère installée à la fin du premier semestre 2007. «Les travaux ont été finalisés l'été dernier et la mouture finale a été faite par la commission, il ne restait qu'à la voir. A notre surprise, on apprendra que le ministre a signé un statut autre que celui que nous avons préparé et l'a transmis le 28 janvier 2008 à la Fonction publique. Le ministre était-il au courant du contenu du document convenu en commission mixte? C'est la question que nous lui posons.» Le syndicat demande que le travail fait par la commission mixte soit respecté. «Il y a urgence que le ministre intervienne pour retirer cette copie avant qu'il ne soit trop tard, et le syndicat ne se laissera pas faire.» Des lacunes y ont été relevées concernant, notamment, la classification. «Entre le corps de la catégorie 1 et celui de la 2e, il y a 115 points indiciaires et entre la 2e et la 3e catégorie il y a 70 points. C'est une classification inadmissible et absurde.» Déjà dans le Statut général de la Fonction publique, tous les corps sont énumérés à l'article 3, à l'exception du corps de la santé publique, précise encore le président du Snpssp. Sur les concours de 2 et 3 grades qui concernent respectivement plus de 2000 et 400 spécialistes, le Dr Yousfi souligne qu'ils devaient se dérouler fin 2004. Or, ils n'ont pas été programmés jusqu'à ce jour, car il manque un accord écrit de la Fonction publique. Le syndicat réclame, aussi, la mise en conformité de la prime d'intéressement avec les groupes ainsi que des locaux syndicaux. «Le Snpssp usera de tous les moyens pour faire échouer toute tentative de bloquer ou de casser la santé publique», conclut le conférencier.