Le chef de l'Exécutif veut accélérer le processus de la décision en matière de privatisations-partenariats. Le Chef du gouvernement vient de réunir les sociétés de gestion de participation (SGP), la dénomination actuelle des holdings qui chapeautent les entreprises publiques, en vue de redynamiser les processus de privatisation-partenariat et de traitement des firmes étatiques. Les premières instructions aux directoires des SGP se résument à établir un tableau de bord périodique des entreprises, un point de situation ainsi que le plan de développement de chaque société publique. Le Chef du gouvernement est-il en train d'inventer le fil à couper le beurre ? Ces travaux étaient, notons-le, entamés sous Temmar. Ce dernier préparait une base de données sur les entreprises, des stratégies par filière et une nouvelle réglementation, en vue de régler le problème du foncier industriel. Le changement à la tête du département de la Participation semble faire l'économie d'une évaluation des progrès réalisés sur ces points ainsi que sur les processus de privatisation-partenariat. Tout se passe comme si l'obsession d'effacer et de tout recommencer prenait le pas sur le bon sens. La discontinuité des politiques menées, mêmes cohérentes depuis 1990, fait ainsi partie de la “spécificité algérienne”. Qu'on se souvienne : Temmar à la tête du ministère de la Participation a contribué à faire partir des cadres compétents de la délégation aux réformes. Qu'on se rappelle : le ministère de l'Industrie travaillait sur une stratégie industrielle et des stratégies sectorielles, avec la détermination des filières où l'Algérie présente des avantages concurrentiels. Les changements de gouvernements ont fait oublier que ce chantier pouvait être l'esquisse d'un travail plus affiné avec le concours d'universitaires et d'experts. Plus de cinq années plus tard, on découvre que l'absence de visibilité constitue une sérieuse entrave à l'investissement direct étranger. En vue de remédier à cette lacune, le nouveau programme du gouvernement prévoit une stratégie de développement à moyen terme. Qui s'appuie, entre autres, sur ces chantiers commandés aux SGP par Ouyahia. Entre-temps, la matière grise est, soit partie en retraite, soit exerce à titre indépendant dans le consulting. Peut-on ainsi quantifier le manque à gagner en termes d'emplois, de richesses dues à l'instabilité économique, l'absence de visibilité et, par extension, la prolongation de la période de transition économique ? Sur le court terme, Ouyahia veut une plus grande fréquence des réunions du CPE. Une bonne chose. Avec Benflis, les réunions du CPE se faisaient de plus en plus rares, au point de bloquer de nombreux dossiers de partenariat. Mais Ouyahia reproduit un dispositif de décision lourd en la matière, avec, en bout de piste, le feu vert du Conseil des ministres. En fin de compte, il semble qu'on n'ait pas beaucoup avancé en termes d'efficacité : un changement de “costume” aux holdings et un système complexe qui rallonge les délais où interviennent entreprises-SGP-ministère de la Participation-CPE-Conseil des ministres. Avec, comme point d'orgue, un conflit de prérogatives entre le département de Temmar et les SGP. Une cellule légère, rappellent des experts, où se regroupe une expertise multidisciplinaire, ferait gagner à l'Algérie et aux Algériens énormément de temps. N. R.