Dans l'entourage de Sidi Saïd, patron de l'UGTA, la nouvelle “est bien accueillie”, même si certains se demandent si Ouyahia tiendra rigueur à la Centrale syndicale. Mais très vite, cette appréhension est levée, devant le caractère “non rancunier” du nouveau chef de l'Exécutif, sa “maîtrise” des dossiers du monde du travail et surtout son alignement sur les positions de l'UGTA concernant certaines questions : privatisation au cas par cas des entreprises publiques, rejet de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures dans sa dernière mouture, nécessité de la concertation avec le partenaire social... Un secrétaire national a même rappelé la composante de la direction nationale de l'UGTA, “à dominance RND”, insistant par ailleurs sur le “style Ouyahia”. “On oublie souvent de dire que Ouyahia a respecté les droits des travailleurs compressés, qu'il a réglé les arriérés de salaire et remboursé les fameuses ponctions sur salaire avec un taux d'intérêt”, a déclaré ce responsable. Selon ce dernier, Ouyahia a également à son actif “ses positions courageuses par rapport aux retraités”, faisant référence à son intervention auprès du ministère du Travail, à l'époque où il était Chef de gouvernement, afin de revaloriser les pensions. Au niveau de la Fédération nationale des retraités (FNTR/UGTA), on se rappelle aussi cet “épisode” mais on préfère “garder les pieds sur terre”. Des membres de cette Fédération préfèrent attendre, pour se faire “une idée précise sur les intentions de Ouyahia”. Ils affirment qu'une fois la formation du gouvernement rendue publique et la rencontre bipartite réalisée, “on sera plus éclairé sur les rapports qu'entretiendra Ouyahia avec le monde du travail”. Bizarrement, l'avis des retraités est partagé par beaucoup de travailleurs rencontrés, qui insistent néanmoins sur le “comment seront gérés les rapports entre Ouyahia et Benflis”. “Il ne faut pas se faire trop d'illusions, la nomination de Ouyahia fait partie du travail d'épuration ou d'assainissement au sein du sérail. Mais je pense quand même que le RND et le FLN ont tout intérêt à s'entendre, sinon le grand gagnant sera Bouteflika et ses alliés islamistes et le grand perdant sera le monde du travail, qui est déjà laminé sérieusement”, nous a confié un cadre de l'entreprise d'électricité et de gaz, Sonelgaz. Notre interlocuteur a pourtant insisté sur “la personnalité de Ouyahia”, qui “même s'il est lui-même sous les ordres des décideurs, n'est pas homme à reculer ou à se plaire dans les hésitations”. “Il ne faut pas oublier que ce monsieur “fraude” reste avant tout un patriote, qui défend les intérêts supérieurs du pays”. Dans le milieu des syndicats “autonomes”, on s'interroge beaucoup sur “le contenu de l'accord conclu entre Ouyahia et le président de la République”. On parle d'un “sursaut” du RND qui “va prendre sa revanche”, mais sans pour autant “casser le FLN”. “Cette situation va créer une nouvelle dynamique pour le RND, mais on en saura un peu plus le mois prochain, avec le congrès du RND”, a affirmé un membre du bureau du CNES (enseignement supérieur). H. A.