La revalorisation salariale doit reposer sur des éléments macroéconomiques et relever d'une stratégie durable. Le nouveau chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, en poste depuis jeudi dernier, va rencontrer le patron de la Centrale syndicale dans moins d'un mois. Des chuchotements insinuent que la tripartite, forum de discussion autour d'un pacte national économique et social, interviendra bien avant la date, ou, du moins, les délais fixés pour l'examen des copies de chaque partie membre. Une nouvelle donne s'est manifestée depuis quelques jours. Sidi Saïd, patron de l'Ugta, revendique un accouchement prématuré d'une augmentation salariale, évinçant d'un coup de pied toutes les étapes d'un processus de conciliabules, pourtant appuyées par le chef de l'Etat en personne. Ces mêmes pourparlers devront mener vers un consensus sur une nouvelle grille des salaires, une finalité unanimement signée par les patrons, l'Ugta et le gouvernement. Cette affaire de révision à la hausse des salaires a véritablement le vent en poupe depuis l'installation du nouveau chef du gouvernement. Mais, est-il en mesure d'aller jusqu'à remettre en cause les précédentes formalités sur la revalorisation salariale? Le patronat ne va, pas sans le moindre doute lâcher le morceau de révision à la baisse des charges sociales qu'il avait commencé à mordre. Une condition sine qua non pour toute revalorisation salariale. La CAP (Confédération algérienne du patronat), à titre indicatif, a jeté au coeur des débats budgétaires la nécessité de passer à l'élaboration des catégories professionnelles et salariales. C'est une plateforme qui repose sur des éléments macroéconomiques afin d'asseoir une stratégie durable pour la maîtrise de la question salariale qui, faut-il le reconnaître, revient avec acuité, ces derniers jours. La situation actuelle comprend une faille dans le calcul des salaires en l'absence d'une stratégie salariale à long terme, qui devra prendre en compte les équilibres budgétaires et l'évolution sociale. Le nouveau gouvernement va-t-il griller toutes ces étapes ou va-t-il booster les choses afin d'aboutir à un résultat concret dans les plus brefs délais. Quoi qu'il en soit, Abdelaziz Belkhadem s'est engagé à remplir strictement les fonctions dont il est investi. Mais, la décision d'une hausse des salaires pourrait constituer, d'une part, un véritable danger pour l'économie, et, d'autre part, susciter une bouderie patronale. Car, les patrons, même s'ils ne s'opposent pas à une revalorisation salariale, suggèrent, à l'image de la CAP, une nouvelle grille qui tienne compte de l'évolution économique et de celle des catégories sociales et professionnelles. Ce n'est pas tout, le gouvernement s'apprêtait à jouer une autre carte, celle d'aller vers la réduction des charges sociales pour les patrons. Mais, cela ne doit pas aboutir à l'abandon de la piste d'une réelle étude sur la stabilité salariale à long terme. Celle-ci devra reposer sur des bases de référence bien précises afin de répondre à toutes les conditions économiques et sociales. En d'autres termes, toute revalorisation salariale devra désormais faire référence aux critères sélectionnés. La situation impose une nouvelle loi sur les salaires. Selon toute vraisemblance, la revalorisation salariale n'est pas une équation aussi simple à résoudre qu'on le pensait. Néanmoins, revoir à la hausse le taux de productivité, condition d'une augmentation salariale signée Ouyahia, dépend des mesures et des efforts de l'Etat pour accélérer et soutenir les réformes et l'investissement privé. Abdelaziz Belkhadem qui compte accélérer la cadence pour concrétiser sa promesse risque des malentendus avec les patrons qui ne comptent pas pour autant abandonner leurs conditions. Rappelons que le processus de conciliabules appelé tripartite ainsi que la logique de Ouyahia sur les salaires ont été ouvertement soutenus par le chef de l'Etat. Mais vite désavoués par Abdelaziz Belkhadem qui compte aller plus vite que son prédécesseur. A en croire certains cadres du FLN, le successeur d'Ouyahia à la tête du gouvernement veut solutionner le casse-tête des salaires avant la prochaine rentrée sociale. Chose qui lui permettrait de se consacrer à la révision de la Constitution.