En dépit des promesses du géant Gazprom, Sonatrach n'a ni accès au marché russe, ni participation dans des sociétés conjointes, ni accord sur un échange d'actifs. À l'opposé, des compagnies russes ont remporté des contrats importants dans le secteur des hydrocarbures. La compagnie algérienne Sonatrach veut “avoir des activités en Russie” au même titre que les sociétés russes qui ont des investissements “très rentables” en Algérie. Cette déclaration du ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, en marge de la visite officielle du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en Russie, explique, du moins en partie, le divorce, après un mariage non consommé, entre Sonatrach et Gazprom. “Des sociétés russes ont eu plus de 500 millions de dollars de contrats pour la construction d'oléoducs et de gazoducs” en Algérie, a indiqué M. Khelil dans un entretien à l'APS. Le ministre a relevé que ces sociétés, dont Rosneft, ont aussi investi en Algérie 60 millions de dollars et ont déjà découvert deux gisements de pétrole qui vont produire plus de 60 000 barils/jour en 2011. “Ce qui est un investissement très rentable”, a-t-il précisé. En contre-partie, Sonatrach n'a aucun projet en Russie. “À ma connaissance, il n'y a pas encore de sociétés algériennes qui travaillent en Russie dans le secteur de l'énergie”, a déploré M. Khelil. “Nous essayons de faire en sorte que les compagnies algériennes, notamment Sonatrach, puissent aussi avoir des activités en Russie”, a-t-il souligné. Conformément au mémorandum d'entente signé avec Gazprom, la Sontrarch s'est intéressée au projet d'usine de liquéfaction de gaz sur la Baltique. Sur la liste des entreprises sélectionnées par le géant gazier russe pour le projet de la Baltique, Sonatrach n'y figure pas. Cela veut dire que Gazprom a fait un autre choix pour ce projet. Le mémorandum avec Gazprom a expiré le 6 août 2007. Le fait que le mémorandum n'ait pas été renouvelé peut signifier que les deux sociétés n'ont pas trouvé de projets communs à échanger puisque le point de départ de l'accord était basé entre autres sur un échange d'actifs. Les parties algérienne et russe “ont essayé, ensemble, d'identifier des projets” en Russie, a indiqué le ministre de l'Energie, précisant qu'“aucun (des projets) n'a encore été identifié et nous continuons à y travailler”. M. Khelil a affirmé que le mémorandum d'une année entre la Sonatrach et Gazprom, expiré en août dernier, “aurait pu être renouvelé si la compagnie russe en avait exprimé le désir”. La durée du mémorandum, définie par les parties algérienne et russe, “a expiré sans qu'aucune partie n'ait demandé qu'elle soit renouvelée”, a-t-il précisé, ajoutant que si cela avait été fait, “il aurait été renouvelé sans aucun problème”. Le ministre a rappelé dans ce contexte qu'actuellement, en Algérie, “tout se fait par des appels d'offres”. “Il y a plusieurs sociétés russes qui ont participé à des appels d'offres en Algérie, certaines ont remporté des marchés, alors que d'autres, comme Loukos, qui a participé (sans succès) à cinq appels d'offres, n'ont pas pu être plus compétitives que les autres compagnies en course”, a indiqué M. Khelil. L'Algérie “a un système ouvert, transparent et compétitif, où les règles du jeu sont très claires”, a-t-il encore affirmé. L'Algérie apparaît aujourd'hui davantage comme un marché pour la Russie qu'un partenaire stratégique. Le président Bouteflika avait raison d'insister sur la nécessité “de préciser un certain nombre de concepts en matière de relations stratégiques entre l'Algérie et la Russie”, en plaidant en faveur d'un meilleur respect des obligations contractuelles. Mais le maître du Kremlin préoccupé qu'il est “à assurer sa succession”, a-t-il véritablement reçu le message du président de la République ? M. R.