De nombreux artisans de la corporation sont partis s'installer au Maroc où ils font actuellement le bonheur de l'industrie et l'artisanat marocains, quant à ceux qui sont restés au pays, ils ont fermé boutique La wilaya de Tlemcen a toujours revêtu un aspect spécifique par ses industries artisanales traditionnelles diverses. Malheureusement, cette industrie, autrefois très florissante, a tendance aujourd'hui à perdre de plus en plus de son ampleur. Dans le domaine de la fabrication du tapis, par exemple, l'industrie artisanale connaît d'importantes contradictions, surtout en ce qui concerne l'importation de matières premières et l'exportation de la production. Le secteur artisanal a connu une baisse très significative de la production qui est passée de près de 428 000 m2 estampillés en 1970 contre 44 000 m2 dans les années 1980. Autrefois, le tapis de Tlemcen rivalisait haut la main avec celui produit par l'Iran, l'Afghanistan, la Turquie et le Maroc. Aujourd'hui, ce secteur artisanal, qui souffre de nombreuses difficultés, connaît une baisse très significative de sa production et n'est plus que l'ombre de lui-même. Au cours de notre entretien avec le directeur de la Chambre artisanale de Tlemcen, Mehdid Mustapha, il ressort que ce secteur souffre de plusieurs difficultés, notamment le désintéressement progressif des artisans de leur travail, étant donné les coûts de production de plus en plus élevés et la cherté des matières premières. Actuellement, le tapis le moins cher est cédé à partir de 40 000 DA et la laine à pas moins de 600 DA le kilo. Nous avons noté aussi un commencement de la disparition de la génération ancienne des artisans de ce genre de type d'industrie et le renoncement total de la part des jeunes à ce genre de métier. Cependant, ces dernières années, il y a eu une réelle prise en charge politique de ce secteur, nous dit Mehdid Mustapha. Auparavant, il existait huit chambres des métiers à travers les 48 wilayas du pays, aujourd'hui on compte 31 chambres régionales et 1 chambre nationale et ce, depuis la prise en charge du secteur de l'artisanat par le ministère des Petites et Moyennes entreprises (PME) en 2002.Une prise de conscience politique de ce secteur qui s'est concrétisée par la commémoration de la journée du 9 Novembre décrétée Journée nationale de l'artisanat ainsi que l'exonération fiscale (IRG) durant une période de dix ans au profit des artisans traditionnels marquent la volonté de l'actuel président de la République à promouvoir ce secteur. Malheureusement, le glas du travail du tapis, qui avait déjà sonné dans les années 1970, a provoqué une véritable hémorragie du secteur. De nombreux artisans de cette corporation sont partis s'installer au Maroc où ils font actuellement le bonheur de l'industrie et l'artisanat marocains, quant à ceux qui sont restés au pays, ils ont fermé boutique pour aller travailler au mois dans les diverses usines de tissage de la région. “Ce métier ne nourrit plus son homme, aujourd'hui”, nous dit-on. À l'heure actuelle, le synthétique, un produit à la portée de toutes les bourses, malgré tous les dangers de santé qu'il véhicule, a remplacé la pure laine vierge et le tapis qui a perdu son originalité n'intéresse plus personne. Ali Moussa