Le congrès du Mouvement de la société pour la paix (MSP) se tiendra les 30 et 31 avril prochain. Le rendez-vous organique de cette formation islamiste, membre du gouvernement, est déterminant en ce sens qu'il pourrait induire des changements à sa tête tout comme au niveau de ses structures. Plus précisément, ce sont des assises du MSP que sortira le nouveau patron du parti ainsi que toute une équipe dirigeante qui aura à prendre en main ses destinées. Mais pas seulement. Au-delà, en effet, du choix des hommes qui seront élus à l'issue du congrès et qui seront appelés à prendre des décisions engageant l'avenir de cette formation, il sera aussi question d'une nouvelle démarche et vision tant dans la gestion du mouvement que dans sa politique. C'est pour cela que le congrès est très attendu par les responsables et militants de ce parti politique. À ce sujet, tant les militants que les responsables du parti se sentent concernés par cette échéance et veulent peser sur la direction que prendront les choses. Quels sont les prétendants à la présidence du MSP ? Hormis Aboudjerra Soltani, l'actuel président du mouvement candidat à sa propre succession, deux candidats ont déjà affiché leur intention de briguer le poste de l'ancien ministre du Travail et de l'Action sociale, Abdelmadjid Menasra, membre de la direction du parti et ancien ministre de l'Industrie dans le gouvernement Ouyahia, et Abdelhamid Medaoud, sénateur et également membre de la direction du parti. Ces deux prétendants, qui ont déjà déclaré publiquement leur candidature à la succession d'Aboudjerra en attendant d'autres postulants, n'ont pas cependant la cote au sein de cette formation, nous explique-t-on. Medaoud, ancien vice-président du mouvement, s'était retiré un moment de la gestion du parti pour raison médicale. Mais plus encore, ce sénateur n'a pas de soutiens importants au sein du parti. Sa candidature donc n'est pas menaçante pour Soltani. Abdelmadjid Menasra, quant à lui, a l'avantage d'avoir toute une équipe de soutiens derrière lui. Toutefois, la composante de ses soutiens constitue en même temps “un désavantage”. “Menasra a le désavantage d'avoir des soutiens qui incarnent une vision rigide des choses”, explique une source proche du parti, précisant que “Menasra, c'est l'ancienne équipe, c'est-à-dire Dane, Bengrina et Chenine”. Avec Menasra à la tête du MSP, il y a la crainte de voir “le retour au conservatisme, à la résistance au changement et à une vision uniciste dans la gestion”, note notre source précisant qu'on “craint des gens complètement coupés du parti”. Toutefois, Menasra a ses chances de présider aux destinées du MSP s'il arrive à convaincre de sa vision au parti et donc à s'entourer des soutiens nécessaires, même si l'on dit de lui actuellement qu'il “n'est pas balèze”. Quid d'Aboudjerra Soltani ? Ce dernier, candidat à sa propre succession, a le bénéfice d'incarner “une certaine vision qui suscite l'adhésion au MSP”, note un responsable de ce parti. “C'est un responsable ouvert au débat et à la discussion, et il est prêt à écouter des positions contraires aux siennes. Aboudjerra, c'est aussi un responsable qui gère démocratiquement le parti, c'est-à-dire qu'il donne la possibilité aux gens de s'exprimer et il ne centralise pas la décision”, explique une autre source du parti. Sur ce dernier point, notre interlocuteur explique que les militants MSP reconnaissent les avancées dans le fonctionnement du parti liées à la gestion d'Aboudjerra Soltani : “Par exemple, il a donné beaucoup d'importance au madjliss echoura, dans la prise de décisions ainsi qu'aux autres structures du MSP.” Un autre atout que capitalise Soltani qui bénéficie, faut-il le préciser, de l'appui de Mokri et de Saïdi, est “sa franchise”. “Soltani dit toujours ce qu'il pense, il est très franc et sa franchise lui a coûté beaucoup. Toutefois, au parti, on a besoin de quelqu'un comme ça”, nous dit-on. Bénéficiant de solides appuis, en dehors des structures du parti, Soltani a toutes les chances de succéder à lui-même au terme du prochain congrès. NADIA MELLAL