L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) demande l'ouverture d'un large débat national sur le devenir de la “jeune” industrie pharmaceutique algérienne “menacée” par l'ouverture du marché à la concurrence étrangère. “Aujourd'hui, nous nous retrouvons avec un marché tout à fait ouvert à l'importation sans aucune mesure d'encouragement pour la production locale”, a affirmé le président de l'Unop, Ammar Ziad, lors d'une conférence de presse, jeudi à Alger. Selon les responsables de l'Unop, l'industrie pharmaceutique locale “n'a reçu aucun soutien depuis 2004 en raison des négociations de l'Algérie avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC)”. M. Ziad a mis en garde contre un éventuel recul de la production nationale qui dispose actuellement de grandes capacités pouvant à terme couvrir une grande part du marché algérien. “Mais la concurrence internationale risque d'entraver sérieusement tout espoir de développer cette industrie nationale”, a précisé le patron de l'Unop. C'est pour cette raison que cette organisation a plaidé pour une protection et un confortement par des mesures incitatives et d'encouragement, et “une politique pour garantir son développement”. Les membres de l'Unop souhaitent notamment la définition d'un cadre réglementaire “transparent” et “stable”, la prescription du générique national, l'accélération des procédures d'enregistrement pour les produits fabriqués localement et le rétablissement de la durée de vie minimale des produits à l'importation afin de préserver l'économie nationale. Ces propositions adoptées lors du séminaire international, tenu les 22 et 23 octobre 2007, en présence de quatre ministres directement concernés par le marché du médicament, sont restées lettre morte, a précisé M. Ziad. Selon ce responsable, les investissements réalisés en Algérie par les membres de l'Unop dépassent les 50 milliards de DA avec la création de 12 000 emplois. M. Ziad a également révélé que le tissu industriel pharmaceutique fonctionne actuellement “au tiers” de sa capacité. “Si les recommandations étaient retenues, l'Algérie couvrirait 65% de ses besoins d'ici à 2012 et irait vers des marchés d'exportation de proximité.” Concernant la nouvelle liste des médicaments remboursables, passée de 116 à 295 médicaments d'appellation internationale, M. Ziad a expliqué qu'“il ne s'agit pas aujourd'hui d'importer 45% de génériques, mais d'en fabriquer pour aller vers un taux plus important à l'horizon 2012”. Selon l'orateur, 90% des produits génériques sont fabriqués en Algérie, alors que l'enveloppe des importations de médicaments ne cesse d'augmenter, atteignant actuellement près de 1,4 milliard de dollars d'importations, dont les produits pharmaceutiques en vrac pour le conditionnement. R. Benkaci