L'application du prix de référence a permis aux caisses d'assurance de réaliser de substantielles économies. Le marché des médicaments connaît une progression constante, car les citoyens ont de plus en plus de facilités à accéder aux soins. Certes, la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût, et c'est justement ce “coût” que tentent de maîtriser les responsables de la Sécurité sociale en optant pour les génériques. Ces derniers aux effets thérapeutiques prouvés restent, en effet, très en deçà des prix pratiqués par les laboratoires inventeurs des molécules. Pour permettre aux laboratoires d'innover, les lois instaurées de par le monde les autorisent à exploiter leurs découvertes durant 17 ans en exclusivité, avant que les molécules ne tombent dans le domaine public. Passé cette période de grâce, tous les laboratoires peuvent copier ces dites molécules, et c'est alors que leurs prix connaissent des baisses sensibles engendrées par la concurrence. Dans tous les pays du monde, ces copies de molécules appelées génériques sont privilégiées, car elles permettent des économies non négligeables. Récemment instauré en Algérie, ce système connaît une évolution permanente. Lors de la réunion des directeurs de wilaya des Caisses d'assurance des salariés (Cnas) et des non-salariés (Casnos), qui s'est tenue ce jeudi au département du Travail à Alger, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale a affirmé de nouveau sa volonté quant à la généralisation prochaine du “tout-générique”. Lors de son discours inaugural, il a mis l'accent sur la politique de son département qui œuvre pour développer l'usage des génériques par le biais du tarif de référence, d'une part, et qui lutte par ailleurs contre les abus et la fraude en matière de médicaments. Selon le ministre, ces deux axes sont à même de réduire la facture inhérente au remboursement par les caisses d'assurance. “Le chapitre remboursements est le premier poste de dépenses des caisses d'assurance. Nous devons réagir et diminuer justement ces charges énormes qui pèsent sur les budgets des caisses d'assurance et le recours au générique est un axe qui nous permettra de réaliser des économies”, déclare le ministre. Il révèle ainsi que la facture de remboursement des médicaments est passée de 50,5 milliards de dinars en 2005, à 64,5 milliards de dinars en 2007. Il estimera, à ce sujet, que le remboursement a connu durant cette période le plus fort taux d'accroissement de cette dernière décennie. Pour diminuer la facture du remboursement, il préconise la promotion des génériques à l'instar de ce qui se fait de par le monde. Il rappelle les prémices de l'application des tarifs de référence en Algérie, en 2006, et qui avaient touché à l'époque 116 dénominations communes internationales (DCI), soit 1 000 marques de médicaments. Il affirmera que la politique engagée par son département a poussé certains laboratoires à baisser les prix de leurs spécialités. “Même ces laboratoires ont été contraints de baisser leurs prix pour pouvoir vendre leurs médicaments. Cela prouve qu'ils réalisaient de gros bénéfices”, explique le ministre. Ce dernier tient à réitérer sa volonté quant à la réussite de ce projet. Il accusera certains cercles de vouloir faire échouer cette politique, mais il promet que les tarifs de référence seront appliqués, car il s'agit “de l'intérêt de l'Algérie et des Algériens”. Il annonce une nouvelle liste de médicaments qui seront touchés par les tarifs de référence. Pour rappel, le tarif de référence est la base de remboursement appliqué par les caisses d'assurance qui prennent en considération une moyenne comprise entre le prix le moins cher et celui plus onéreux de la même molécule. Les malades, qui consomment les médicaments les moins chers, seront remboursés à 100% lorsqu'ils sont atteints de maladies chroniques et à 80% pour les autres, ceux qui préfèrent les spécialités devront payer une partie de leur poche. En tout, 295 DCI, soit 2 156 marques de médicaments seront soumises au tarif de référence. Avec toutes ces dispositions, le ministre compte parvenir à un équilibre financier des caisses d'assurance. Saïd Ibrahim