Dans le scrutin municipal français, la droite au pouvoir a reconnu avoir réalisé des résultats médiocres, mais le Premier ministre François Fillon a une nouvelle fois tenté de replacer l'élection au plan local car, aux yeux de la gauche et même de tous les analystes, le vote de dimanche a valeur de premier test pour Nicolas Sarkozy dix mois après son élection à la tête de la France. Alors que François Hollande, qui devrait abandonner le gouvernail du Parti socialiste à son prochain Congrès, est réélu à Tulle, la gauche remporte des villes détenues par la droite comme Rouen et Laval, conserve Lyon et Nantes. À Paris, elle devance nettement l'UMP. Ségolène Royal, moins nuancée et candidate probable à la succession d'Hollande, son ex-compagnon, voit dans ces résultats un vote sanction contre la politique du président Nicolas Sarkozy. L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle a appelé à faire des alliances partout avec le Modem en vue du second tour. Son leader, François Bayrou, par ailleurs en deuxième position à Pau, a déclaré que la situation sera examinée ville par ville. Le paradoxe est que la droite fait la même proposition au Modem. La droite a tout de même résisté dans plusieurs villes symboles comme Marseille et Toulouse. Alain Juppé est lui réélu à Bordeaux, tandis que Jean Sarkozy s'impose aux cantonales dans le fief de son père à Neuilly-sur-Seine. Le Parti communiste, malgré le déclin de son audience nationale, a plutôt bien tiré son épingle du jeu, reprenant des villes à la droite et devançant les socialistes dans certaines villes de banlieue parisienne. Le Front national, saigné financièrement par ses récentes défaites électorales, ne présentait qu'un nombre réduit de listes. Le scrutin visait également à renouveler la moitié des conseillers généraux, qui siègent dans les assemblées départementales. Le PS, qui dirige déjà une majorité de départements depuis 2004, a encore progressé. Il faudra attendre le second tour pour être fixé sur l'ampleur de la défaite de la droite, bien que le parti de Sarkozy ait, d'ores et déjà, enregistré des revers significatifs au 1er tour. L'opposition socialiste a bien manœuvré, présentant le vote comme l'occasion de sanctionner le chef de l'Etat dont la cote de popularité chute continuellement depuis l'hiver, lorsque son électorat a découvert que la promesse d'un pouvoir d'achat revalorisé est restée au stade de propagande électorale, lorsqu'il a également fait part de sa gêne puis de sa désapprobation concernant la mise en scène de la vie privée de son président. Les Français ont fini par être lassés par l'étalage de sa vie privée, marquée par un divorce retentissant suivi d'un remariage éclair avec l'ancien top modèle Carla Bruni. C'est, de fait, le premier test électoral pour Sarkozy qui, bien avant le scrutin, ne bénéficiait plus du soutien que d'un Français sur trois environ. Le président français a anticipé la bérézina en assurant la veille des élections qu'il ne se laisserait pas distraire par les péripéties et que le rendez-vous de son bilan n'aurait lieu qu'à la fin de son mandat en 2012. Il a promis de poursuivre le rythme des réformes. Les protestations sociales ont de beaux jours en France. D. Bouatta