Le chef de cellule de communication de la sûreté de wilaya d'Alger, qui a tenu un point de presse hier après-midi, parlait avec une grande émotion. Essoufflé, il relate les faits de mardi qui ont conduit à la mort tragique d'une dame de 38 ans à Bourouba. Une passante qui devait chercher sa fille de 7 ans à l'école du quartier. Mme Yessaoum Zakia, femme au foyer, arrive juste au moment où la police essayait de contenir le débordement d'une trentaine de jeunes de cette commune populaire et dont le nom est souvent lié à des histoires de terrorisme. À l'origine du drame, des policiers qui se sont déplacés à Boubsila, dans ladite commune, suite à des renseignements faisant état de l'existence d'une bande de malfaiteurs qui s'attaquent à des automobilistes au niveau des ralentisseurs sur la RN38. Les policiers identifient trois des malfaiteurs, dont l'un est arrêté. En quelques minutes, la situation prend une tournure d'émeute. Les représentants de la loi se retrouvent face à face à une horde armée de couteaux, gourdins, épées et même de fusil harpon. De la colline voisine, on lança des projectiles et des pierres qui ont touché des policiers dont quatre sont blessés. Une situation ingérable qui obligea les éléments de la police à user de leurs armes en tirant des coups de sommation. L'un des policiers touche accidentellement Mme Yessaoum à la cuisse. Elle s'écroule sous la douleur. Pour parer au plus pressé, on fait appel à un particulier pour transporter la malheureuse à l'hôpital Salim-Zemirli. Elle succomba quelques heures après à ses blessures. La défunte a laissé deux filles, celle qu'elle devait ramener de l'école, et un bébé de sept mois. Des sources disent qu'elle était enceinte. Le conférencier ne l'a pas confirmé. Hier, l'enterrement s'est déroulé dans une atmosphère grave. Beaucoup de policiers y ont assisté. Le commissaire Samir Khaoua a fait part de la désolation de la DGSN sur ce tragique accident en rappelant que sur ordre du procureur de la République d'El-Harrach, le policier auteur des tirs de sommation est placé en garde à vue, son arme et celles de ses collègues sont au niveau du laboratoire scientifique de Château-Neuf pour expertise. De même que tous les policiers qui se trouvaient sur les lieux, y compris les victimes, font actuellement l'objet d'audition par la justice. Quant aux fauteurs de troubles, ils sont, selon le conférencier, identifiés et seront tour à tour auditionnés et des mesures seront prises en conséquence. Y a-t-il eu abus ? Les policiers n'avaient-ils pas d'autres moyens de dissuasion que d'user de leurs armes en pareil cas ? Beaucoup d'interrogations certes, mais la situation était au bord de l'explosion. Les tirs de sommation sont une pratique qui existe dans la réglementation. Dans ce cas, les fauteurs de troubles doivent payer. Une affaire à suivre. Ali Farès