Des établissements d'excellence vont recevoir les étudiants les plus doués dans des branches qui offrent le plus de débouchés sur le marché de l'emploi. Le conseiller de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France à Alger, M. Philippe Georgeais, a annoncé, hier, l'existence de plusieurs projets de créations d'écoles supérieures d'excellence en Algérie et ce, en partenariat avec les grandes écoles françaises. Le modèle français semble donc inspirer les responsables algériens qui ambitionnent de mettre en place des établissements destinés à recevoir les étudiants les plus doués dans certaines filières. Il s'agit des branches qui offrent le plus de débouchés vers le marché du travail, donc les plus demandées par les opérateurs économiques, à l'image du commerce international, de l'architecture, de l'informatique et des nouvelles technologies. M. Georgeais a, dans le même ordre d'idées, regretté “la mise entre parenthèses” du projet de création de l'université algéro-française qui, espère-t-il, “reprendra un jour”. Le conseiller aux affaires culturelles a animé, hier, une conférence de presse au Centre culturel français d'Alger pour, souligne-t-il, faire le point sur le dispositif d'accompagnement des étudiants algériens désireux de poursuivre leurs études dans l'Hexagone. Le dispositif en question, appelé “Campus France Algérie” a été mis en place il y a deux ans dans les pays qui connaissent un flux d'étudiants vers la France, comme c'est le cas pour l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Vietnam et le Sénégal. Mais d'après M. Georgeais, l'Algérie est le pays qui compte le plus d'étudiants dans les universités françaises et les chiffres des nouveaux arrivants semblent stables après l'entrée en vigueur du système Campus fonctionnel dans les CCF d'Alger, de Constantine, d'Oran, d'Annaba et de Tlemcen. Ils sont actuellement quelque 20 300 Algériens à poursuivre leurs études dans les universités de l'Hexagone, dont plus de la moitié versés dans les sciences et technologies, l'ingéniorat et la santé. Les autres sont répartis entre les lettres et les sciences humaines, les sciences économiques, les sciences politiques, le droit et autres. Selon les statistiques de l'ambassade de France, quelque 3 200 étudiants algériens ont rejoint les universités françaises en 2007, un chiffre en légère baisse par rapport à 2006 où l'on a enregistré 3 400 départs. M. Georgeais qui dresse un bilan “largement positif” du dispositif, estime que le nombre des étudiants admis est demeuré stable malgré les appréhensions émises çà et là. Par contre, le nombre de demandes a diminué, admet-il, imputant cette situation aux problèmes que connaît le logiciel de traitement des demandes. “On travaille d'arrache-pied pour que la connexion soit plus fluide”, promet-il. L'orateur tient, en tout cas, à insister sur “l'attractivité de l'université française qui présente des offres de qualité et à des prix bien meilleurs que ceux des établissements anglo-saxons”. M. Georgeais confie que l'Algérie “est le pays avec lequel les relations dans ce domaine sont les plus fortes”, mettant en avant l'un des programmes mixtes existant et destiné au financement de 6 000 projets de recherche. L'on remarque, par ailleurs, que les étudiants partis en France en 2007 sont pour la majorité issus du 2e ou 3e cycle (master 1 et 2 et doctorat). Le 3e cycle représente à lui seul plus de la moitié des étudiants retenus, en nette évolution par rapport à 2006 où ils ne représentaient que 40%. Selon toute vraisemblance, il y a de moins en moins d'étudiants du premier cycle (licence) à être intéressés par la poursuite des études en France. Interrogé sur le cas des demandes de visas rejetées par les consulats de France malgré des avis favorables émis par des établissements universitaires français, M. Georgeais a donné une réponse plutôt évasive en expliquant que Campus “n'interfère pas dans le travail des universités” et qu'“en général, tout bon dossier accepté par une université française passe”. Mais, pour le visa, note-t-il, “cela relève des services consulaires”, tout en mettant en relief “la stabilité du nombre de visas” accordés aux étudiants. L'orateur reconnaît l'existence d'une “mobilité étudiante” de l'Algérie vers la France. En mettant en place ce dispositif, qui sera, selon M. Georgeais, étendu à une soixantaine de pays, les autorités françaises tendent à effectuer une sélection des plus strictes des candidats. Une manière d'être au diapason de la politique de “l'immigration choisie” chère au président Sarkozy. Seuls donc les meilleurs, ceux qui auront passé avec succès tous les tests seront admis à partir poursuivre leurs études dans l'Hexagone. Mais après, reviendront-ils ou ne reviendront-ils pas ? Là, apparemment, c'est un autre débat, celui de la fuite continue des cerveaux. Hamid Saïdani