La date et le lieu n'ont pas été choisis fortuitement par le CCDR pour organiser la première étape d'une série de forums régionaux. Le 8 mai, car c'est la date-butoir qui a consacré la rupture totale avec le colonialisme français, et Tizi Ouzou, car c'est de là que le déclic du mouvement citoyen est parti, en 1980 déjà, qui a fleuri et s'est épanoui lors d'un printemps qui était pourtant noir en 2001, a déclaré Abdelhak Bererhi après la minute de silence observée à la mémoire des 123 martyrs du Printemps noir et de ceux de la démocratie et de 1954-1962. L'orateur indique, ensuite, que le mouvement citoyen gagne à sortir de la région de Kabylie, en précisant que le rôle du CCDR est de contribuer à accompagner le mouvement en lui servant de relais dans toutes les autres régions, contrecarrant ainsi le pouvoir qui le présente comme un mouvement séparatiste. Bererhi estime que le coup de starter a été donné par le mouvement citoyen, mais la finalité devrait être un grand mouvement citoyen républicain pour un projet de société républicain et pour l'émergence d'une nouvelle classe politique qui participera à la gouvernance du pays et à la prise du pouvoir. “Nous avons contacté tous les partis politiques sauf les islamistes”, pour cette démarche, a annoncé Bererhi. Le Pr Mohand Issad prendra la parole après Mouloud Lounaouci qui avait présenté une communication sur la Nation et le citoyen, pour s'étaler longtemps sur son thème : “L'Etat et le citoyen”. “L'opinion publique parle de système au lieu de l'Etat”, constate le professeur, car le système signifie : “Pouvoir personnel avec un peu d'Etat et beaucoup de défauts”. En affirmant que depuis 1962 “nous n'avons pas vu de société citoyenne”, il dira qu'on a toujours vu une Algérie réelle avec ses langues, croyances et cultures, et une Algérie officielle. Aujourd'hui, le citoyen et la Nation sont agressés par l‘Etat, poursuivra l'orateur, alors que ces trois entités doivent être en synergie. “Pourtant, tamazight existe depuis 3 à 4 000 ans, les autres langues n'étaient que de passage, tamazight étant la seule langue constante”, déclarera Mohand Issad qui constatera encore que “des efforts ont été faits pour nous orientaliser (…). On a voulu donner au peuple une autre identité que la sienne”. “Pourquoi n'y avait-il jamais eu de problème de langue et de religion avant 1962 ?” s'interrogera-t-il. En fait, ce qui cloche dans ce pays, ce sont les hommes et non pas les textes, affirmera le professeur Issad. Depuis 1962, le constat est amer. Le suffrage du citoyen est devenu secondaire, la justice est devenu un instrument pour servir l'Exécutif. L'Algérie officielle a mal fonctionné en parallèle avec l'Algérie réelle. Aujourd'hui, trois échecs retentissants ou agressions, selon le Pr Issad : sur les plans agraire, industriel et culturel. “Lorsqu'un responsable politique veut inaugurer une politique, il faudrait qu'il fasse un sondage d'opinion d'abord”, indiquera le professeur. K. S.