Hier, les engins du génie militaire appuyés par des hélicoptères équipés de lance-roquettes, acheminés de la base aérienne de Aïn Arnat, procédaient à des percées prudentes dans la région s'étendant du sud jusqu'au sud-ouest de la wilaya de Jijel. Au nord, les services de sécurité ont bouclé la zone. L'offensive antiterroriste lancée par les forces de l'ANP, dans la nuit de dimanche à lundi dans les maquis situés au sud-ouest d'El-Aouana suite à l'attentat terroriste perpétré, avant-hier, dans la localité de Bensekfel, et qui a coûté la vie à deux militaires et blessé 17 autres, se poursuit toujours, a-t-on appris de sources bien informées. Le commandement de la Ve Région militaire n'a pas lésiné sur les moyens. Un renfort humain et matériel a été acheminé aux premières heures de la matinée vers le centre des opérations auxquelles ont pris part des unités d'élite dont des parachutistes. Selon des sources bien informées, le périmètre ratissé englobe les forêts de Ouled Dahmane, Benisekfel, Ouled Saâd et Djebel Guerrouche sur les hauteurs de la commune d'El-Aouana, où ont été localisés les groupes terroristes armés. Au nord, les services de sécurité ont hermétiquement bouclé la zone, ne laissant lieu à aucune tentative de retraite. Aux raids aériens devait succéder l'avancée terrestre. Une étape ardue pour les soldats de l'ANP en raison des mines que les terroristes ont l'habitude d'enfouir afin de ralentir la progression des services de sécurité. En effet, des sources ont révélé la présence d'au moins une centaine d'éléments originaires de Constantine, mais également du centre du pays. Ils auraient investi la région de Jijel à la recherche d'une assistance, suite aux incessants coups de boutoir que leur ont assénés les forces de l'ANP au centre du pays. Une source au fait de la chose sécuritaire a avancé, hier, qu'ils seraient déjà en possession de moyens humain, logistique et financier assez importants. Ce qui explique cette activité pour le moins “prévisible” et ce ne serait pas la première fois que les groupes terroristes procèdent ainsi. Cela a été le cas du temps de Antar Zouabri, lorsque ce dernier avait, en 1999, envoyé Sadek Lemloum, son émissaire, à l'est du pays, afin de chercher une aide logistique. Il sera par la suite promu au rang d'“émir” du GIA à Jijel, avant d'être abattu, en juin 2002, par les services de sécurité. Ce regain d'actes terroristes a de quoi alimenter la psychose de la population de la région qui redoute un retour à la décennie noire. En moins de deux mois, 5 attentats ont été perpétrés dans la wilaya de Jijel, faisant au total 6 morts et une vingtaine de blessés. Bien que le premier n'ait pas fait de victimes, les deux suivants, commis au début du mois de mars, ont causé la mort de 4 GLD reconvertis en agents de sécurité de l'entreprise de gardiennage (SPASS), chargée de la protection des chantiers de Kahrif. Le troisième et dernier en date a été perpétré, avant-hier, dans la localité de Benisekfel, au sud-ouest de la commune d'El-Aouana. Un convoi militaire au sein duquel se trouvait le commandant adjoint de la Ve Région militaire, en mission d'inspection d'une caserne à Guerrouche, a été surpris par l'explosion de deux bombes artisanales placées par un groupe armé qui, selon notre source, profitant de complicités au niveau local connaissait parfaitement l'itinéraire qu'emprunterait le convoi. Deux militaires ont été tués et 17 autres grièvement blessés, dont l'un a été évacué en urgence à l'hôpital Aïn-Naâdja, à Alger. Si pour le moment, aucun bilan ne fait état de l'élimination de terroristes, des traces de sang ont été relevées par les services de sécurité le long des sentiers battus, ainsi qu'aux environs des casemates qui ont fait les frais de bombardements incessants. Par ailleurs, des rafales tirées par des armes automatiques ont été entendues, durant la nuit de dimanche à lundi, par les habitants de la région. Et pour cause, acculés de toutes parts, les terroristes ont tenté de desserrer l'étau. Mourad B./Rosa B.