La relation entre la contrebande et le terrorisme a été souvent démontrée. L'appel du pied depuis quelque temps du gouvernement marocain appuyé par une sollicitation tout récemment de rouvrir la frontière ouest montrent à quel point la situation économique au niveau de certaines villes de l'autre côté de Maghnia est critique. La déclaration de Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, sur la question reste sans équivoque. Toutefois, si la réouverture officielle des frontières ne représente pas une urgence pour le moment, la contrebande, quant à elle, ne connaît pas de répit, en attestent les chiffres de la gendarmerie repris dans une étude du lieutenant Ahmed Aïdat de la cellule de communication qui relate la triste réalité de cette forme du crime organisé et sa relation avec le terrorisme, le trafic des stupéfiants et de l'immigration irrégulière. Une liaison qui se fait à partir des points de départ que sont les pays de l'Afrique subsaharienne. Profitant de l'immensité des frontières algériennes avec les pays du Sahel, les réseaux criminels organisent le trafic de drogue et font passer chaque année des milliers d'immigrés clandestins souvent impliqués dans des affaires de trafic en tous genres, y compris la cybercriminalité. Ce qui n'est pas pour faciliter le travail aux gardes frontières et aux gendarmes à l'intérieur du pays. En 2007, l'étude fait savoir que 849 personnes ont été placées sous mandat de dépôt, impliquées dans 3 922 affaires de contrebande. Pour ce qui est des saisies, les chiffres sont assez éloquents pour exprimer l'intense activité des trafiquants. À la frontière ouest, 821 779 litres de carburants, à l'Est, 104 805 litres, au Sud, 36 978 litres ont été saisies, soit un total de 963 562 litres. Tlemcen se place en tête des wilayas concernées par ce fléau. On constate également que grâce au durcissement du dispositif mis en place depuis plus d'une année, les saisies ont connu une hausse conséquente. D'autres secteurs sont également touchés par la contrebande, comme le pillage de pièces archéologiques, avec la récupération de 37 à Tamanrasset, l'exportation illicite de métaux non ferreux où 3 661 kg de cuivre ont été saisis, 242 véhicules ayant été utilisés par les contrebandiers, 1 852 têtes d'ovin et plus de 4 000 produits pharmaceutiques ont également été saisis. Pour ce genre de trafic (produits pharmaceutiques), l'étude fait savoir qu'elle a connu une hausse de 88% par rapport à 2006. Les saisies ont concerné d'autres produits, comme les vêtements, les motocycles, l'électroménager, la pièce de rechange automobile et les boissons alcoolisées. Durant les deux premiers mois de l'année en cours, la gendarmerie a traité 363 affaires de contrebande ayant abouti à l'arrestation de 296 personnes, dont 90 ont été écrouées, ainsi que la saisie de 58 tonnes de produits alimentaires, 14 593 cartouches de cigarettes, 151 091 litres de carburant, 67 978 mètres de câble électrique, 3 767 mètres de câble téléphonique, 120 moteurs de voiture et 400 boîtes de vitesses. De même que 134 véhicules légers, 25 4x4, 12 motocyles, 20 camions et du matériel agricole ont été récupérés. Le crime organisé, représenté ici par la contrebande, s'explique par plusieurs causes dont, essentiellement, la situation socioéconomique au niveau des régions frontalières. Le chômage pousse à toutes les voies maléfiques. Les jeunes sont d'abord soumis à toutes sortes de drogues et psychotropes avant d'être enrôlés dans des opérations terroristes. Une dure affaire pour les gardes frontières. ALI FARÈS